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Jean Pruvost | De la gourme et de la dermatose nodulaire

Jean Pruvost | De la gourme et de la dermatose nodulaire

RCF, le 15 décembre 2025 - Modifié le 15 décembre 2025
Le mot de la semaineDe la gourme et de la dermatose nodulaire

LE MOT DE LA SEMAINE - Le monde agricole est touché par une épidémie très préoccupante, qui se répand chez les bovins, la « dermatose nodulaire ». Jean Pruvost explique aussi la signification de la gourme. 

Jean Pruvost © Pascal HausherrJean Pruvost © Pascal Hausherr

Comme presque tout le monde j’ai rencontré le mot « dermatose », le fait qu’elle soit qualifiée de « nodulaire » est assez nouveau. En réalité, on comprend d’emblée que « nodulaire » est l’adjectif correspondant aux « nodules », un nodule étant le mot français attesté depuis 1498 pour désigner un petit renflement en forme de nœud, issu du latin « nodulus », petit nœud. 

Nodule et dermatose

On retrouve de fait ce mot dans la minéralogie, pour signaler une petite masse pierreuse, et en ce sens depuis quelques temps on signale les « nodules polymétalliques » des fonds marins contenant du cobalt, du manganèse, du nickel. Le mot « nodule » est par ailleurs très en usage pour désigner certaines pathologies et on évoque entres autres les nodules tuberculeux. S’agissant de la « dermatose nodulaire », contagieuse mais pas transmissible à l’être humain, elle est contractée principalement par des insectes et se manifeste par des nodules douloureux pour les animaux, et leur considérable affaiblissement. Quant au terme  « dermatose »,  il a été créé par le médecin français Jean-Louis Alibert, dans son ouvrage Traité complet des maladies de la peau, paru dans sa première édition en 1806. Construit à partir du grec « derma, dermatos », peau, le mot ne sera vraiment repris dans le vocabulaire de la médecine qu’à partir de 1832 à propos des maladies de la peau en général, notamment qualifiées d’ulcéreuses ou de vésiculeuses, souvent dues à la manipulation de substance toxiques. S’agissant de ces humeurs déplaisantes, n’oublions pas au passage un mot ancien à l’origine de l’expression « jeter sa gourme ». 

Qu'est-ce que la gourme ?

Définissons le mot « gourme », en partant de celle du Dictionnaire de l’Académie donnée dès sa première édition en 1694 : « Gourme : il se dit des mauvaises humeurs qui surviennent aux jeunes chevaux. » et on dit aussi figurément « des enfants qui ont la gale, etc. qu’Ils jettent leur gourme ». En 1690, Furetière définissait aussi ainsi la gourme, « mauvaise humeur, et corrompue qui sort du corps des enfants ». Ladite « gourme », mot probablement issu du francique worm, wurm, les humeurs, touche principalement les jeunes chevaux, et s’associe à leur période de croissance en se manifestant par des rejets de morve. On l’a aussi dit des croutes de lait qui se forment sur la peau des jeunes enfants. En fait, c’est au XVIIe siècle que se développe l’expression « jeter sa gourme » ainsi expliquée par Furetière : « On dit figurément des jeunes gens qui entrent dans le monde, et qui ne savent pas encore vivre, qu’ils n’ont pas jeté leur gourme », l’expression a évolué pour aujourd’hui signifier « faire ses premières folies, ses premières frasques ». 

En définitive, entre la vache victime de la dermatose nodulaire, et le jeune cheval jadis victime de la gourme, indéniablement le cheval a plus de chance. Impossible en effet pour la vache de « jeter sa dermatose ». On formulerait pourtant ce rêve pour nos agriculteurs. 
 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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