"J'ai quitté mon travail pour m'occuper de mon fils" : des milliers d'enfants handicapés ne sont pas scolarisés correctement
Si la rentrée sonne pour de nombreux enfants comme d’heureuses retrouvailles avec leurs copains de classe, d’autres n’ont pas cette chance. Fin août, l’UNAPEI, l’Union Nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales, et de leurs amis, alertait sur un scandale. Des milliers d’enfants ne sont pas scolarisés correctement, faute de moyens pour assurer un accompagnement adapté. Témoignage dans le Chablais.
Photo d'illustration ©PxhereScolarisé seulement 9 heures par semaine
Jour de rentrée en 6ème pour Léo, 11 ans, atteint d’un trouble de l’autisme. A l’inverse de ses petits camarades, il ne suivra pas l’emploi du temps normal. Il sera accueilli à l’école seulement 9 heures par semaine, faute d’AESH, une accompagnante d’élèves en situation de handicap. Clémentina, sa maman, n’abandonne pas pour autant. "Le droit n'est pas appliqué. Mon fils a droit à minimum à une aide humaine à l'école de 15 heures par semaine, c'est insuffisant, nous avons fait appel pour obtenir 30 heures, je n'ai pas pas de réponse", explique-t-elle. Pour s’occuper de son fils la majeure partie du temps où il n’est pas à l’école, Clémentina a quitté son travail. "Je deviens son accompagnatrice, j'avais des projets professionnels, tout est en stand-by".
Une situation qui n'est pas isolée
Un cas alarmant que traversent de nombreuses familles. Nicole Gay, vice-présidente de l’association de parents et amis de personnes handicapées dans le Chablais, raconte. "Flora, 16 ans, ne supporte pas la présence de deux personnes dans la même pièce. Elle a besoin d'une scolarité adaptée, mais ça n'est pas le cas. Elle aurait besoin d'un accueil à temps plein". Dans le Chablais, 63 enfants sont sur liste d’attente pour intégrer un institut médico éducatif. 125 sont également placés en liste d'attente pour bénéficier des SESSAD (Services Médico-Sociaux). Leur action vise à apporter un soutien spécialisé aux enfants et adolescents handicapés dans leur milieu ordinaire de vie et d'éducation ainsi qu'à leurs familles. Une scolarisation en milieu ordinaire qui se dégrade, estime Nicole Gay. "Sur le papier, c'est une très belle idée, mais il faut d'énormes moyens pour résoudre le problème". Selon un rapport de la Cour des Comptes publié l’an dernier, les effectifs d’élèves en situation de handicap en milieu scolaire ont triplé en 20 ans. Les moyens donnés n’ont pas suivi.


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