Israël et l’Iran, vers un enlisement de la situation au Moyen-Orient ?

Avec 4,5% du PIB consacré à la défense contre 2% pour la France, Israël est un véritable géant militaire. La multiplication récente des zones de conflits et le bouleversement des positions diplomatiques de ces derniers jours intriguent quant à la place d’Israël en tant que puissance militaire et diplomatique. Décryptage de Pascal Boniface.

Un conflit qui ne date pas d’hier

Selon Pascal Boniface, le conflit est ancien. Il trouve sa source dans la rupture des accords qui liaient l’Iran et Israël avant l’arrivée de l’ayatollah Khomeini. Ce dernier rompt, lors de son arrivée au pouvoir en 1979, les accords pétroliers qui relient les deux États. C’est le véritable point de départ de la guerre aux yeux du spécialiste qui considère que le conflit actuel qui oppose les deux pays a été contenu pendant plus de 40 ans. “L’Iran s’est toujours positionné contre Israël depuis 1979” déclare t-il. Il affirme que la position des États-Unis a été déterminante jusqu’à ces dernières semaines, “jusqu’ici, tous les présidents américains avaient empêché Israël d’agir en disant qu’il n’y aurait pas de soutien américain”. Un écran étasunien contourné récemment par Benjamin Netanyahu qui a fait le pari du soutien indéfectible de Donald Trump, un pari qui semble réussi constate le spécialiste. De plus, cette offensive militaire est une vraie opportunité pour le premier ministre israélien, constate Pascal Boniface, “elle permet à Netanyahu d’empêcher les contestations internes en utilisant la guerre comme fédérateur”. Mais au-delà de cette victoire interne, les répercussions se font sentir sur la diplomatie internationale. Les événements des derniers jours ont en effet montré une victoire de la part d’Israël sur le plan diplomatique, notamment vis-à-vis de l’Europe qui lui réaffirme désormais son soutien, craignant de voir l’Iran acquérir l’arme atomique. 

Une stratégie en contestation avec le droit international

Le conflit actuel est une véritable entorse au droit international selon Pascal Boniface. Une violation qui reste impunie par l’ONU en raison des vétos américains et russes qui paralysent toute dénonciation par l’Organisation des Nations Unies. Cette situation paraît donc insoluble. Le géopolitologue insiste aussi sur la réaction des pays européens et parle “d’enjeux de crédibilité pour le monde occidental” qui fait face, selon lui, non seulement à un blocage de l’ONU, mais aussi à une non condamnation des violations du droit international au niveau étatique. Au-delà de cette position européenne sur le conflit, l’enjeux est bien entendu la guerre elle-même. Car comme le rappelle Pascal Boniface, “si on connaît le commencement d’une guerre, on ne sait jamais comment elle va se terminer”. Selon lui, si la multiplication des zones de guerre de Tsahal rend sa victoire plus difficile dans l'imaginaire collectif, il ne faut pas oublier que cette armée très entraînée et équipée affronte des milices, notamment au Liban et à Gaza. L’alliance avec les États-Unis renforce encore l’armée israélienne et à cela s’ajoute la volonté du Hezbollah de ne pas prêter main forte à l’Iran. En effet, selon la milice libanaise, ce dernier les a abandonnés quand Israël a tué leur leader Hassan Nasrallah en septembre 2024. Une situation faite donc de multiples nœuds qui, pour Pascal Boniface, sont une opportunité pour l'État israélien.