Iran : le mouvement femme, vie et liberté est toujours vivant
Le 13 septembre 2022, en Iran la police des mœurs arrêtait une jeune femme Masha Amini. Motif : son foulard était mal porté. Tabassée par les policiers, cette jeune étudiante de 22 ans succombera le 16 septembre. Sa mort a déclenché le mouvement femme vie et liberté avec des manifestations contre le régime dans tout le pays. En 2024, malgré une sévère répression, ce mouvement subsiste en Iran.
"Deux ans après la mort de Masha Amini, la société iranienne est toujours en rage" constate Mahnaz Shirali sociologue et politologue spécialiste de l’Iran. "Femme vie et liberté est un mouvement profond, révolutionnaire toujours ancré dans la société iranienne tant chez les femmes que les hommes" ajoute t-elle.
Une contestation numérique en Iran
Mais face à la violente répression du régime iranien, la contestation n’est plus dans la rue. "C’est devenu trop dangereux. Désormais, les Iraniens protestent et manifestent sur les réseaux sociaux, Instagram, Facebook ou X" explique Hemgameh Yayhazadeh, présidente de l’association Soulèvement national iranien.
Le bilan humain de la répression du mouvement femme vie et liberté est très incomplet et sans doute sous-évalué. Selon l’ONG Iran Humain Right, 551 manifestants au moins avaient été tués de septembre à décembre 2022 par les forces de sécurité et plus de 22.000 autres arrêtés, selon Amnesty International. Sept hommes ont également été exécutés pour des faits liés à ces manifestations.
Peine de mort et intimidation des familles
Les ONG pour les droits humains accusent l’Iran d’utiliser la peine de mort comme moyen d’intimidation. Plus de 400 exécutions déjà ont eu lieu en 2024, environ la moitié pour des délits de stupéfiants. Le rythme est supérieur à celui de 2023 qui avait vu plus de 800 exécutions.
Il y a un an déjà la répression s'était intensifiée à l'approche du premier anniversaire de la mort de Masha Amini. Le scénario se répète en 2024 visant notamment les proches des personnes tuées lors des manifestations pour s'assurer qu'ils ne s'expriment pas. "La police arrête des personnes parfois sur la tombe de leurs proches. C’est dire le degré de répression et de perversion du régime. On les arrête sur la base de fausses accusations après les avoir menacé et harcelé" indique Ahmed Benchemsni responsable Moyen Orient pour l’ONG Human Rights Watch.
Reprise en main sur le port du foulard islamique
Les autorités répriment aussi de plus en plus violemment celles qui défient les lois draconiennes sur le port obligatoire du voile. "On voit régulièrement des vidéos où la police des mœurs arrête violemment des femmes, les traînant par les cheveux" raconte Hemgameh Yayhazadeh.
En fait le régime iranien a développé une stratégie visant la société toute entière pour restaurer ce port du voile. "Le projet de loi sur sur le hidjab et la chasteté prévoit de lourde de peines pour le non-port du voile ou s’il n’est pas porté selon les critères du régime. Mais ils innovent, le texte prévoit la fermeture d’entreprises. Un magasin par exemple qui accepterait de servir une femme non voilée" précise Ahmed Benchemsni.
La répression passe aussi par la confiscation de voitures conduite par des femmes non voilées ou de taxi qui transporterait ces femmes rebelles, autant de mesures témoignant d’une reprise en main brutale du régime des Mollahs.
Pour aller plus loin
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
RCF vit grâce à vos dons
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !