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Iran : de la révolte des femmes à la contestation anti-régime

Un article rédigé par Grégoire Gindre - RCF, le 27 septembre 2022 - Modifié le 28 septembre 2022
Le dossier de la rédactionIran, de la révolte des femmes à la contestation anti-régime

En Iran, la révolte féministe tourne à la contestation anti-régime. Depuis la mort de Mahsa Amini le 13 septembre 2022, les nuits de manifestations s'enchaînent dans le pays. Pire encore : la colère à l'égard du régime en place ne faiblit pas, tandis que la répression des autorités s'intensifie. 

©Grégoire Gindre - Manifestation à Paris, devant l'ambassade de la république islamique d'Iran, en soutien au peuple iranien©Grégoire Gindre - Manifestation à Paris, devant l'ambassade de la république islamique d'Iran, en soutien au peuple iranien

En Iran, la colère ne faiblit pas. La mort de Mahsa Amini continue de susciter des immenses vagues de manifestations dans les grandes villes du pays. Une mobilisation quasi-générale des habitants pour exprimer leur défiance à l'égard des autorités et du régime en place. En cause : la république islamique mise en place en 1979 qui ne convient pas aux Iraniens. 

Mahsa Amini, symbole d'un peuple qui se révolte 

 

Les premiers heurts en Iran débutent à la mi-septembre, lorsque les femmes descendent dans la rue pour exprimer leur mécontentement, suite au décès de Mahsa Amini, décédée lors d'une arrestation par la police des mœurs. En cause : son voile ne cache pas assez ses cheveux. S'en suit alors plusieurs nuits de mobilisations où les manifestants sont confrontés aux autorités, qui tirent à balles réelles. Très vite rejoint par les hommes, le bilan humain de ces contestations est déjà très lourd. Plus de 75 morts selon une ONG et plusieurs centaines de blessés sont déjà à déplorer. 

Des manifestations qui se traduisent par des gestes extrêmement symboliques. Plusieurs vidéos sur les réseaux sociaux montrent des femmes jeter leur voile au feu, ou encore se couper les cheveux. Des actes répréhensibles, selon la loi mise en vigueur en 1983 dans le pays. Les femmes iraniennes et étrangères, peu importe leur religion, sont tenues de sortir la tête voilée et le corps couvert d'un vêtement long.

Défiance envers les autorités 

 

Une législation répressive complètement désuète, selon Sirius, iranien habitant à Paris, qui manifeste régulièrement à Paris pour porter, en France, la voix de son peuple. "Les exigences de ce régime ne correspondent absolument pas à la culture iranienne. Une fille iranienne veut être moderne, à la mode, comme en France", martèle-t-il. Désormais, c'est la défiance envers le régime qui est au cœur des préoccupations. "Ce gouvernement parle iranien mais ils ne sont pas iraniens. Ils sont venus pour détruire, économiquement et culturellement l'Iran depuis 43 ans", poursuit le manifestant. 

Un combat pas vraiment inédit 

 

Hadis, 20 ans, Farjad 23 ans, Danesh 25 ans, comme plus de 70 autres manifestants, ils sont devenus le visage de l'Iran meurtri qui pleure son peuple. Cependant, derrière la mort de Mahsa Amini, il y a désormais le sentiment que ce sont bien toutes les revendications de ces dernières années qui s'expriment. Ce combat dans la rue contre les présidents et ayatollah successifs n'est pas vraiment nouveau.

Depuis la mise en place de la république islamique d'Iran après la révolution de 1979, certaines tranches de la population n'ont jamais cessé de se battre contre le régime en place. "Il y a un échec de l'endoctrinement. Elles sont plusieurs millions de femmes, depuis 43 ans, à avoir contesté, de manière pacifique, cet ordre idéologique et moral de la république islamique", explique le sociologue Clément Therme. Celui qui est également chargé de cours à l'université Paul Valéry de Montpellier tempère cependant : "Il y a quelque chose de nouveau : quand il y a un désespoir économique ou social, on est prêt à se battre jusqu'au bout et à donner sa vie pour ses idées. Tout cela car il n'y a pas de solution politique dans le cadre d'un régime théocratique islamique". 

Sur les réseaux sociaux, la mobilisation s'intensifie 

 

Si les coupures d'internet se multiplient dans le pays, les Iraniens manifestent leur défiance à l'égard du régime également sur les réseaux sociaux. Si les autorités ont bloqué l'accès à Instagram et WhatsApp depuis quelques jours sur le territoire, des voix montent sur Twitter, comme celle du compte Gandom, dont on ne connaît pas la véritable identité. Une vidéo qui met en scène une jeune femme iranienne interprétant, en langue persane, le chant révolutionnaire italien Bella Ciao. 

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