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Interview de Geoffrey Rivaux le nouveau président de la FNSEA 03

Interview de Geoffrey Rivaux le nouveau président de la FNSEA 03

Un article rédigé par Pierre Gaudin - le 24 avril 2025 - Modifié le 25 avril 2025
Emissions spécialePortrait ; Geoffrey Rivaux nouveau président de la FNSEA 03

Suite aux élections du nouveau bureau de la Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles du 03, Geoffrey Rivaux devient le président du syndicat dans l’Allier, avec Julien Cusin-Masset comme secrétaire. Il remplace l’ancien président Christophe Jardoux, actuellement président de la chambre d’agriculture. Portrait : 
 

Geoffrey RivauxGeoffrey Rivaux

Ce qu'il faut retenir :

  • Geoffrey Rivaux est le nouveau président de la FNSEA 03. Il est le binôme de l'ancien président Christophe Jardoux et assurera une transition dans la continuité.
  • Installé dans l'ouest de l'Allier , il défend une agriculture dégageant des revenus et permettant aux agriculteurs de dégager du temps libre

Pierre Gaudin : Pourquoi avoir choisi de vous engager auprès du syndicat de la FNSEA ?

Geoffrey Rivaux : J'ai toujours été engagé. Au départ, j'étais engagé aux Jeunes Agriculteurs, dont j'ai été le président pendant quatre ans, et la suite logique pour moi c’était d’aller à la FNSEA. C’est le syndicat majoritaire de l'Allier, et c'est surtout le syndicat qui représente mes idées pour l'avenir de l'agriculture.


Lesquelles en particulier ?

Le renouvellement de générations, même si les Jeunes Agriculteurs (JA)  s’en occupent,  il y aura un fort travail à faire sur la transmission des exploitations, la défense du métier en général. Aujourd’hui la FNSEA est très structurée au niveau national pour pouvoir avancer sur les dossiers. C’est  le premier interlocuteur gouvernemental quand il s’agit des agriculteurs.


Pour vous cette transmission doit se faire avec des exploitations plus grandes….Ou bien moins grandes ?

Des exploitations qui restent à taille humaine, qui restent viables, vivables et rentables. Je défends toujours l’économie de l'exploitation. Ce que je veux, c'est qu’un agriculteur puisse vivre de son métier en priorité.  Et surtout qu'il n’en soit pas esclave.  Les jeunes demandent de plus en plus d’avoir une vie à côté. Il faut qu'ils puissent prendre des vacances, qu’ils puissent vivre… C'est pour cela que la transmission va être essentielle à l'avenir.  Aujourd’hui il y a beaucoup d'exploitants  qui partent en retraite sans qu’il n’y ait forcément de reprises de jeunes pour s'installer.

Si les gens souhaitent partir en vacances, il faut peut-être plus de main-d'œuvre ?

Oui, forcément. Il y a des choses qui sont mises en place par les chambres d’agriculture. Aujourd’hui on a le service de remplacement. Il y a aussi l'entraide entre agriculteurs. Quand quelqu’un part en vacances, ou quand il y a un problème sur une exploitation. Le monde agricole sait se souder autour des gens et travailler ensemble.

Geoffrey Rivaux , votre élection se fait avec un renouvellement du bureau suite à l'élection de la chambre d'agriculture ;  mais l'ancien président Christophe Jardoux est actuellement à la tête de la chambre et reste vice-président. C’est une transition dans la continuité ?

C'est une transition dans la continuité. Ce que je voulais absolument c'était que Christophe Jardoux reste à mes côtés, Nous avons inversé les postes en quelque sorte. On est un binôme à la chambre d'agriculture, et on était un binôme avant à la FNSA puisque j'étais son vice-président.

Comment est-ce que vous voyez cette montée en puissance de la Coordination Rurale qui a remporté  une quinzaine  de départements lors des dernières élections, ce qui n'était pas le cas avant.

D'un point de vue national, c'est une très grosse progression. Aujourd’hui, je ne ciblerai pas plus la coordination rurale que d'autres syndicats. Ce dont j'ai pu m’apercevoir, c’est que les gens regardent beaucoup les journaux nationaux,  les journaux télévisés, et ces gens-là, j'ai remarqué qu'ils étaient beaucoup dans la destruction, pas dans le dialogue. Nous, FNSEA, JA, on sait durcir le mouvement quand il le faut.  Nous nous sommes très fortement  mobilisés en janvier dernier sur le département. Les deux syndicats qui étaient  à la tête de cette manifestation, c’était la FNSEA et les JA, même si nous avions choisi une intersyndicale avec la coordination rurale. Aujourd’hui, les personnes qui s'occupent vraiment des dossiers, c’est la FNSEA et les JA. Quand on détruit, on n’avance pas. Et ce qu’on a vu faire sur certains départements où il a pu y avoir de gros débordements n'a pas fait avancer  les choses. Je préfère être dans le dialogue, mais être dur dans mes propos plutôt que d'être dans la destruction et de ne pas pouvoir avancer sur les dossiers.

Comment est-ce que vous êtes devenu agriculteur ?

C'est de famille. Et puis, c’est un métier que je pratique par passion, surtout. Pour être agriculteur, il faut être passionné. Je me suis installé en 2005, en GAEC de deux associés avec mon père. Aujourd’hui, c’est un groupement agricole d'exploitation en commun.  On a 170 hectares, et on a autour de 140 vaches de races charolaises et aubrac. Mon père a toujours aimé cette race-là. C’est une race rustique, des vaches qui ont une forte capacité de vêlage,  et qui demandent moins de nourriture, en période de sécheresse. Ce sont aussi de très jolies vaches. Une charolaise, c’est joli aussi, et attendrissant parce que c'est bien plus calme. Mais elles mangent quand même beaucoup.

Où se situe votre exploitation ? 


Je suis installé au Haut Bocage. C'est une petite commune à 25 kilomètres de Montluçon. , On a aussi une activité un peu à part sur l'exploitation puisqu’on fait des gîtes ruraux, au nombre de quatre. On a axé l'exploitation aussi sur le tourisme. Il y  a également un étang de pêche.

Quand on parle de gîte rural, c'est-à-dire que les personnes qui logent  sur place peuvent aussi participer aux activités de la ferme ?

lls peuvent venir voir, ils viennent voir l'élevage dans la stabulation, ils viennent voir l'élevage dans les prés...  S'ils nous demandent d'aller les emmener au milieu des prés, on les emmène.  Mais toujours en étant prudents parce que les animaux peuvent avoir un côté imprévisible. Sur la ferme on fait aussi un peu de culture : une cinquantaine d’hectares de culture avec un petit peu d'irrigation, dont 25 hectares de maïs irrigué.

C’est quoi pour vous les principaux défis à relever sur une exploitation ?

Le défi, c'est pouvoir vivre de son métier, et de dégager un revenu. ce qu’il faut, c’est qu’une exploitation soit viable, vivable et rentable. Ça, et aimer ses animaux. C’est la deuxième chose. Quand on fait de l'élevage, si on ne le pratique pas par passion, on n’est pas éleveur.

C'est quoi les forces  de l'Allier en termes d’agriculture ?

Au niveau régional, on est quand même le premier département céréalier, et apicole. Je pense qu’on doit être le deuxième en production bovine. Ce qui fait la force de l'agriculture de l'Allier, c’est aussi sa diversité.   Parce qu’il y a aussi bien des éleveurs, des céréaliers, comme sur les secteurs de la Sologne, de Gannat, en limite de la Limagne. On a aussi de la vigne dans l'Allier. le Saint-Pourcinois qui est reconnu régionalement et nationalement. Et puis il y a des apiculteurs ;  sur la liste des élections chambres d'agriculture, on a quelqu’un qui fait des abeilles.

Mais les apiculteurs sont souvent contre les pesticides, parce que c’est désavantageux pour eux. Est-ce que c’est très compatible avec la FNSEA ?

les apiculteurs ont des problèmes, avec certains produits de traitement qu'on applique sur nos cultures. Mais on fait les choses justement pour que ça se passe bien. Par exemple, le colza n'est plus traité en journée.  Nous respectons  toutes les normes qui nous sont imposées, d’autant plus quand elles sont logiques. On peut très bien combiner apiculture et agriculture. Il n'y a pas de problème.

Est-ce que vous avez des agriculteurs parmi vos amis, en dehors de la FNSEA ?

J'en ai beaucoup, dans d'autres départements aussi. Parce que j'ai fait mes études au lycée agricole de Bourges... Donc, j'ai gardé pas mal d'amis qui sont céréaliers. on n'a pas du tout les mêmes productions , on expose parfois nos systèmes et nos différences… l’agriculture est une grande famille.

Pour vous,  quelles sont les valeurs des agriculteurs ?

Si je fais mon métier, c'est pour nourrir le monde. je pense que tous les agriculteurs sont faits pour ça. Si on ne nourrit pas le monde, comment il tourne ?  On l'a vu pendant le Covid. S'il n'y avait pas eu les agriculteurs pour tenir la France,  il n'y aurait peut-être pas eu beaucoup à manger pour le consommateur, d'un point de vue local.  Mais l'essai ne s'est pas transformé, il n'a pas continué là-dessus.

JC
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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