"Pourtant, intempéries, si c’est un mot que nous connaissons tous, ne fait pas partie des mots simples. En prenant le mot "temps" dans son sens météorologique, on peut le penser. Mais c’est plus compliqué parce qu’à la réflexion, s’il y a des "intempéries" avec donc ce privatif in- qui semble montrer qu’il y a quelques chose qui ne va pas, il n’existe pas pour autant en français de mot comme "tempéries".
En fait, c’est du latin intemperies que vient l’"intempérie", un latin qui pour le coup offrait le couple intemperies et temperies, ce dernier signifiant "mélange, équilibre" qu’on retrouve d’ailleurs dans l’adjectif français "tempéré", pour un climat équilibré, ni trop chaud, ni trop froid. En latin "intemperies" désigne donc ce qui n’est pas modéré, c’est un synonyme d’excès, de dérèglement, de déséquilibre.
Et c’est ce "intemperies" qu’on a repris tardivement en français, en 1534, par le biais de Rabelais qui dans Gargantua évoque le premier "l’intempérie de l’air". Mais on le remarque, c’est surtout au pluriel que le mot intempérie s’utilise, et pour que ce pluriel synonyme de "mauvais temps" soit attesté, il faut attendre 1779, avec Henri de Saussure, les évoquant dans son Voyage dans les Alpes. En revanche, au singulier, l’intempérie s’applique surtout aux dérèglements du corps.
En fait, dans notre premier dictionnaire français en 1680, n’est évoquée que l’"intempérie froide et humide du cerveau". L’intempérie y est définie en tant que "mélange inégal des quatre premières qualités" dit Richelet, entendons les humeurs. L’intempérie est alors souvent associée à une autre partie du corps.
Et c’est ainsi que chez Molière dans le Malade imaginaire, celui-ci s’entend dire : "…je vous abandonne à votre mauvaise constitution, à l’intempérie de vos entrailles, à l’âcreté de votre bile". Diable ! Les intempéries, c’est en définitive quand le ciel est de mauvaise humeur ! Vive la bonne humeur…"
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