Immigration : une opération de contrôle d'identité qui inquiète les associations
4000 policiers, gendarmes, douaniers ont été déployés, ce mercredi et ce jeudi, dans une vaste opération de contrôle dans les bus et les trains. Objectif : lutter contre l'immigration irrégulière. Plusieurs associations de défense des personnes exilées tirent la sonnette d'alarme.
©pexels"Nous sommes en train de détruire les droits fondamentaux !" Depuis les quais de la gare du Nord, à Paris, Yann Manzi, co-fondateur et délégué général d'Utopia 56, ne décolère pas. Ce jeudi matin, il a tenté, en vain, d'approcher le Ministre de l'Intérieur, venu superviser les opérations de contrôles d'identité. Ce mercredi et ce jeudi, 4000 policiers, gendarmes, douaniers des forces sentinelles ont, en effet, été déployés dans les bus et les trains. Dans le viseur de Bruno Retailleau : l'immigration irrégulière.
47 000 clandestins interpellés depuis le début de l'année
"En complément du réseau routier, le réseau ferroviaire international et national semble constituer un vecteur essentiel de transit pour les clandestins depuis l'étranger et en interne entre les régions", explique une instruction du ministère datée du 12 juin. Une opération similaire, menée il y a un mois, avait conduit à l'interpellation de 750 personnes. Depuis le début de l'année, 47 000 clandestins auraient été interpellés, selon Bruno Retailleau.
"Stop à la chasse aux être humains"
Plusieurs associations tirent la sonnette d'alarme. Un rassemblement était, par exemple, organisé, hier (mercredi), à Rennes, par le collectif local de soutien aux personnes sans-papiers pour dénoncer "une rafle à grande échelle" et dire "stop à la chasse aux être humains qui sont sans-papiers, aux Etats-Unis, en France et ailleurs."
Une inquiétude partagée donc par Utopia 56. Depuis 10 ans, l'association née à Lorient, se bat pour un accueil digne des personnes exilées. Pour son délégué général, l'opération menée dans les bus et les trains "est une opération de communication" avant d'interroger :"qu'est ce qu'un clandestin ? Oui une partie de ces personnes qui fuient la misère et la guerre ne peuvent pas demander de visa avant de quitter leur pays...
Ce sont des hommes et des femmes qui cherchent juste une vie meilleure.
Yann Manzi, qui alerte sur la dégradation des conditions d'accueil et une répression de plus en plus forte, invite les citoyens à se réveiller. "L'accueil des réfugiés ukrainiens nous prouve que c'est possible ! Il est urgent de se mobiliser face à la montée des populismes. Tous ces droits que les exilés perdent ce sont les nôtres, ce sont les valeurs de l'Europe." Un message qu'il nous partage en cette veille de la journée mondiale des réfugiés.
