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Ilios Kotsou, la lumière au cœur des ténèbres

Ilios Kotsou, la lumière au cœur des ténèbres

Un article rédigé par Théo Leunens - RCF Namur, le 15 juillet 2025 - Modifié le 15 juillet 2025

Psychologue, auteur et conférencier, Ilios Kotsou porte en lui une foi inébranlable en la bonté humaine. Une conviction née d’une enfance marquée par l’enfermement sectaire, mais transcendée par un amour profond pour la vie et la nature.

Myriam Tonus, Ilios Kotsou et Adrien ChardomeMyriam Tonus, Ilios Kotsou et Adrien Chardome

L’histoire d’Ilios Kotsou commence en Allemagne, où il naît d’une mère allemande et d’un père grec. Très jeune, il quitte le pays pour la Grèce. C’est là que le cours de sa vie bascule : sa mère tombe sous l’emprise d’un homme se présentant comme bouddhiste, qui s’avérera en réalité être membre d’une organisation sectaire. Celui-ci l’envoie dans un monastère isolé dans le sud de la France, où elle passera quatorze années. C’est dans ce contexte clos, sous la domination d’une doctrine rigide, qu’Ilios grandit.

Mais même au cœur de cette emprise, même dans ce quotidien balisé par l’interdiction de lire, de penser librement, et de se construire en dehors des cadres imposés, l’enfant trouve des interstices de beauté. Les souvenirs qui subsistent ne sont pas ceux de la peur ou du contrôle mais des images pleines de lumière : un jardin, des chevaux en bois, l’éclat de la mer, la majesté d’une forêt. « La beauté peut faire son chemin en nous », dit-il aujourd’hui. Ce sont les arbres, les étoiles, les couchers de soleil qui ont été ses tuteurs de résilience. Dans ce monde où tout était verrouillé, son imagination était un territoire libre. Il construisait des cabanes, rêvait sans cesse, et apprenait à voir le vivant partout.

L’enfermement invisible

Il est élevé dans une secte dont l’influence s’étend à chaque recoin de la vie quotidienne. Le chef dicte les choix de vie, les pensées, jusqu’aux désirs. L’interdiction de lire, de nourrir son esprit, vise un seul but : maintenir l’emprise. « Comment sortir d’une prison à laquelle on participe, où les barreaux sont invisibles ? » Cette question, Ilios Kotsou l’a longtemps portée. Quand l’enfermement est intériorisé, la libération devient un parcours long, fragile, sinueux. Il n’y a pas de fuite spectaculaire, mais plutôt une lente prise de conscience, nourrie d’une tension intérieure entre le poids des interdits et une soif de vivre plus forte.

Ce désir d’apprendre, de comprendre la vie intérieure (la sienne et celle des autres) devient le moteur de sa libération. Lorsqu’on lui impose de partir travailler en Belgique, il saisit cette injonction comme une échappée possible. C’est là qu’il commence à déconstruire les fondations de son enfermement. À force de lectures, d’études, de rencontres, il reconquiert peu à peu sa liberté. Une liberté qu’il ne considère jamais comme individuelle, mais toujours nourrie des autres : 

On ne se sort pas de quoi que ce soit tout seul. Il y a toujours une main tendue. 

La sagesse discrète de l’ordinaire

Aujourd’hui, Ilios Kotsou est docteur en psychologie, conférencier, auteur de plusieurs ouvrages, dont le dernier, La sagesse des petits riens, est à l’image de son parcours : humble, lumineux, traversé par une foi douce en la vie. À travers 58 courts chapitres, il raconte des instants du quotidien (une conversation avec sa fille, une rencontre fugace, un silence partagé) et y décèle une forme de sagesse discrète. Ce n’est pas un livre de développement personnel dans le sens classique du terme. Ce n’est pas un guide, encore moins une leçon. C’est une main tendue, justement, une invitation à percevoir la magie de l’instant, la densité des choses simples.

Dans cet ouvrage, il revient aussi avec une grande sincérité sur son passé, sans jamais le figer en drame ni le nier. Il parle de la violence, mais aussi de la lumière qui, toujours, résistait. Il y a dans son écriture une tendresse qui ne masque pas la lucidité, une spiritualité incarnée, débarrassée des dogmes. Comme un fil rouge : l’attention portée au vivant, aux gestes minuscules, aux élans partagés.

Croire en la bonté, coûte que coûte

Ilios Kotsou ne croit pas en une vérité révélée, ni en une forme de transcendance désincarnée. Ce en quoi il croit profondément, c’est en la bonté fondamentale des êtres humains. Une bonté qui peut être voilée, abîmée, trahie, mais qui demeure là, au fond. « Quelle que soit l’obscurité dans laquelle je me suis retrouvé, je savais qu’il y avait de la lumière… même si je ne la voyais pas. » C’est ce fil de lumière, fragile mais tenace, qui l’a guidé. Il en a fait une force d’action.

Car le monde n’est pas toujours doux. Il peut être violent, chaotique, injuste. Et pourtant, Ilios choisit de poser chaque jour un geste à la hauteur de ce qu’il aimerait voir advenir. Un acte, une parole, une présence. Il s’efforce de vivre en cohérence avec ce qu’il défend. 

Dieu est dans les petites choses, attention à ne pas marcher dessus.

Il voit dans le jeu des enfants, dans leur manière spontanée de créer du lien, une leçon précieuse. Non pas pour retrouver l’enfance, mais pour s’en inspirer : faire place au merveilleux, au vivant, au lien. Il ne s’agit pas de nier la noirceur du monde, mais d’y répondre, à sa mesure, en semant autre chose. Une manière de résister, mais avec douceur.

Image d'illustration © Pixabay -  Logo du vent dans les voiles © RCF Sud Belgique
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Du vent dans les voiles
Image d'illustration © Pixabay -  Logo du vent dans les voiles © RCF Sud Belgique
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