Il y a cinq ans, la France adoptait le mariage pour tous
Il y a cinq ans, la loi Taubira était définitivement adoptée en seconde lecture, par 331 voix contre 225. Cinq ans après, combien sont-ils à être passés devant le maire ? Qu’est ce que cette loi a changé pour les partisans et les opposants ? De quelle manière l'Église catholique a-t-elle pris en compte cette loi ?
Près de 40 000 couples homosexuels mariés
Depuis le 23 avril 2013, près de 40 000 couples homosexuels se sont mariés. Après un pic à plus de 10 500 mariages en 2014, environ 7 000 mariages gays et lesbiens ont été prononcés chaque année. Cela représente 3 % du total des mariages. Marianne Berthet Goichot s’est mariée en septembre 2013, quelques mois après l’adoption de la loi. Au micro de Pauline de Torsiac, elle explique ce que cela a changé pour elle.
Si la loi sur le mariage pour tous était une promesse du candidat François Hollande, son adoption s’est faite dans un climat particulièrement tendu. C’est un débat de société qui a profondément fracturé et divisé les français. Alors que les partisans du mariage pour tous mettent en avant le principe de l’égalité des droits pour les personnes homosexuelles et celui de la non discrimination, les opposants déferlent dans la rue pour défendre le mariage entre un homme et une femme, dénoncent la menace que fait peser cette loi sur la filiation et regrettent que le droit à l’enfant prime sur le droit de l’enfant.
Un million de personnes dans les rues pour s'opposer au mariage pour tous
Porte-drapeau de cette opposition qui a fait descendre un million de personnes dans la rue, la Manif Pour Tous. Si cinq ans après, le mouvement a recentré son combat contre la légalisation de la PMA et la GPA, Ludovine de la Rochère, sa présidente regrette toujours cette loi qui a ouvert le mariage et l’adoption pour les personnes de même sexe.
Si l’Eglise catholique s’est opposée au projet de loi autorisant le mariage entre deux personnes de même sexe elle a dans le même temps ouvert ses portes aux personnes homosexuelles. Illustration dans le diocèse de Saint-Etienne. Ce dernier a commencé à accueillir les personnes homosexuelles ou leurs parents au moment des manifestations et des débats tendus qui ont précédé l’adoption de la loi.
Dans l'Eglise, un accueil et une écoute
Des groupes de paroles ont par la suite été mis en place pour parler, apaiser les souffrances mais surtout accueillir des personnes souvent isolées au sein de l'Eglise. Loïc Hussenot est avec sa femme responsable de la pastorale des personnes concernées par l’homomosexualité dans le diocèse de Saint Etienne. Il explique l'intérêt d'une telle présence pastorale.
Comme le diocèse de Saint-Etienne, 35 diocèses ont lancé depuis cinq ans des initiatives pour accueillir les personnes homosexuelles et leur famille. Marianne Berthet Goichot est catholique et membre de l’association David et Jonathan, un mouvement œcuménique pour chrétiens homosexuels. Si elle reconnaît aujourd’hui la dimension d’accueil de l’Eglise, elle regrette de ne pas avoir pu vivre son engagement dans sa paroisse.
Ne pas exclure au sein de l'Eglise
Pour Loïc Hussenot, qui accompagne les personnes homosexuels dans le diocèse de Saint Etienne, ce souhait de vivre son engagement dans l’Eglise reste marginal. Ce qui compte avant tout, c’est de ne pas être mis au ban de la communauté chrétienne.
Accueil, écoute, bienveillance, c’est la ligne pastorale que s’est fixée l’Eglise catholique depuis cinq ans. Une Eglise qui reste opposée à l’acte d’homosexualité mais qui ne veut pas condamner les personnes. Cette orientation pastorale est d’ailleurs rappelée par le pape François dans son Exhortation apostolique Amoris Laetitia.
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