Liban : cinq ans après la catastrophe du port de Beyrouth, les chrétiens dans un pays en crise
Le 4 août 2020, l’explosion de 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium dans le port de Beyrouth soufflait une partie de la capitale. Cinq ans plus tard, la plaie est toujours ouverte. Crise économique, instabilité politique, inflation record, guerre...
Photo de rashid khreiss sur UnsplashL’explosion avait provoqué la mort de 235 personnes, blessé plus de 6 500 autres et laissé près de 300 000 personnes sans abri. Depuis, le Liban connaît une crise économique persistante, la monnaie nationale a perdu plus de 95 % de sa valeur depuis 2019, et selon la Banque mondiale, plus de 80 % de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté.
Benoît Deblampré, directeur chez Aide à l’Église en détresse, se souvient d’une religieuse rencontrée dans un hôpital proche du port de Beyrouth quelques jours après la catastrophe « Nous sommes comme des billes de flipper dans un jeu international qui nous dépasse » expliquait-elle, soulignant le sentiment d’incertitude généralisé.
"Cette explosion, c'était une plaie supplémentaire. Mais une fois encore, elles ont décidé de ne pas rompre, de se relever, de reconstruire, de réinventer l’avenir", témoigne Benoît Deblampré sur la résilience des communautés chrétiennes du Liban.
Une présence active dans la société
Historiquement impliqués dans les secteurs de l’éducation et de la santé, ils continuent d’agir dans ces domaines, malgré la crise. "Dans les écoles catholiques, environ la moitié des élèves sont musulmans", rappelle Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l’Œuvre d’Orient. Les institutions scolaires et médicales chrétiennes accueillent une population diversifiée, dans un souci de service à l’ensemble du pays. Selon Mgr Gollnisch, " les chrétiens du Liban sont pleinement citoyens et leur avenir est lié à celui du pays. Leur volonté est d’agir pour participer à un redressement collectif ".
L'enquête au point mort
L’enquête sur les causes de l’explosion reste bloquée. Depuis 2021, plusieurs tentatives de reprise par la justice ont été entravées. Aucun procès n’est actuellement programmé. Benjamin Blanchard, directeur de SOS Chrétiens d’Orient, observe que "L’enquête n’a pas progressé, et les responsables politiques impliqués n’ont pas été poursuivis. Cela entretient un sentiment d’injustice dans la population".
Dimanche dernier, le pape Léon XIV a adressé un message à la communauté chrétienne du Liban. Il y exprimait sa proximité spirituelle et sa prière pour la paix et la stabilité du pays.


Toute l'année, la rédaction nationale de RCF vous tient informés de l'actualité de l'Église et des mouvements chrétiens.


