Huit ans après la révolution de jasmin, où en est la Tunisie?
Le 14 janvier 2011, après quatre semaines de protestations, le président Ben Ali, en poste depuis 1987, quittait la Tunisie pour se réfugier en Arabie saoudite. Depuis, le pays a ouvert une nouvelle page de son histoire.
Qu’est-ce-que les Tunisiens célèbrent aujourd’hui ?
"Les Tunisiens célèbrent la fin d’un régime autoritaire, l’avènement d’un régime démocratique. Ils célèbrent aussi la redéfinition d’un contrat social qui était effectivement miné à la fois par le népotisme et la corruption, et le début d’une transition politique vers un équilibre des pouvoirs qui permet à des catégories de population qui ne participaient pas, de participer à ce régime politique" explique Choukri Hmed, maître de conférences en sciences politiques à l’Université Paris Dauphine.
Quelles sont ces catégories sociales ? On a notamment vu la place de la femme évoluer…
"Tout à fait. Il y a aussi quelque chose dont on parle moins, les classes populaires qui n’avaient pas l’opportunité ni le droit d’évoquer une opinion divergente. Ceux-là ont la possibilité de s’exprimer à la fois dans la rue, mais aussi dans les urnes, ce qui est aussi radicalement différent" ajoute-t-il.
Ces manifestations que l’on voit dans la rue depuis quelques années sont donc positives pour le pays ?
"Absolument. De mon point de vue, contrairement à l’opinion commune, qui voit dans les manifestations un obstacle à la réalisation des objectifs de la révolution, un obstacle à la croissance économique, c’est aussi un signe de vitalité politique. Cela montre qu’il y a des rapports de force qui sont en train de s’exercer entre différents groupes et désormais les choses sont publiques, et davantage soumises à des négociations qui peuvent parfois être violentes" précise ce spécialiste de la Tunisie.
Que reste-il à faire avant que la Tunisie ne devienne un acteur clé en Afrique du Nord ?
"Il reste à faire plusieurs choses. Du point de vue occidental, c’est une petite exception au milieu du monde arabe. C’est un des seuls pays démocratiques de cette région. Il reste à consolider les institutions politiques. Pour les Tunisiens et les Tunisiennes, il reste à espérer de changer de statut social, vers plus d’égalité. Cela passe par un modèle de développement radicalement différent. Au niveau international, les pays occidentaux doivent soutenir cette expérience tunisienne, que la France n’a que timidement soutenue" conclut-il.
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