Horreur
On a déjà souvent rappelé l’origine du mot terrorisme, dans cette famille qui passe par le verbe terroriser, semer la terreur, mot issu du latin terror de même sens en rapport avec le verbe latin tremere, trembler, qui a aussi donné en s’altérant cremere, craindre au sens le plus fort. Un mot rassemble tous ces termes, l’horreur.
Des racines latines
En effet, et il faut remonter au latin classique horrere, signifiant hérisser, désignant de fait les poils du corps se dressant, non pas par le froid mais par un grand effroi. Et donc le latin horor, à l’origine du français horreur attesté en 1175, est-il tout d’abord un frissonnement d’effroi. Mais l’horreur fut aussi assimilée à un frisson religieux, à la façon de la terreur antique des Dieux de l’Olympe et se manifestant physiquement. Au reste, lire la première définition offerte par Littré en 1863 dans son Dictionnaire de la langue française est révélatrice du premier sens qu’il donne du mot : "Horreur" : "La sensation physique qui fait que la peau devient chair de poule et que les cheveux se hérissent." Définition suivie d’une citation explicite de Bossuet : "La peau, se retirant sur elle-même, fera dresser les cheveux, dont elle enferme la racine, et causera ce mouvement qu’on appelle horreur".
La deuxième définition proposée par Littré évoque clairement le sentiment religieux : "Se dit des choses qui causent un sentiment d’effroi mêlé d’admiration, de respect, etc." d’où la formule encore en usage, une "sainte horreur", formule qu’on retrouve chez Racine. On comprend donc que ce mot a peu à peu changé de nature, de l’horreur sacrée, il est passé à l’horreur signalée en troisième sens par Littré : "Mouvement accompagné de frémissement et causé par quelque chose d’affreux". Et c’est ce sens moderne qui va l’emporte au point qu’aujourd’hui seuls les étymologistes et les écrivains savent que l’horreur fut d’abord une manifestation du corps devant une peur sacrée. Le philosophe Alain en fait même un réflexe utile.
Oui, il disait ceci à propos de l’horreur : "la physiologie est assez éloquente ; je sens en moi une défense comme du hérisson". Eh bien oui, frissonner d’horreur, c’est repérer au plus profond de nous-même ce qui est insoutenable, à bannir, en l’occurrence le terrorisme. Qui est bien éloigné de ce paisible animal qu’est le hérisson, qui en ce moment hiberne… Eh bien que l’horreur du terrorisme hiberne définitivement.
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