Hommages à Mgr André Vingt-Trois, cardinal et archevêque émérite de Paris
Pour beaucoup de fidèles, Mgr André Vingt-Trois fut bien plus qu’un archevêque. Il était un pasteur, une figure de père, un exemple. Les journalistes Louis Daufresne et Étienne Pépin reviennent sur les événements marquants qui ont rythmé la vie du cardinal disparu vendredi 18 juillet, en compagnie de Mgr Jérôme Beau, évêque auxiliaire de Paris de 2006 à 2018, et de Mgr Éric de Moulins-Beaufort, évêque auxiliaire de Paris de 2008 à 2018.
Cardinal Vingt-Trois © Wikimedia CommonsL’actuel archevêque de Paris, Mgr Laurent Ulrich, a rendu hommage à Mgr André Vingt-Trois, cardinal archevêque émérite de Paris, rappelé à Dieu vendredi à l’âge de 82 ans. Ses obsèques seront célébrées mercredi 23 juillet à 10 heures, en la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Un parcours lié à Paris
Le cardinal André Vingt-Trois est né et mort sous le même ciel de Paris. Né le 7 novembre 1942 (et non 1952), il entre au séminaire à l’âge de 20 ans, après des études secondaires au lycée Henri-IV. Il est ordonné prêtre à l’âge de 27 ans par le cardinal François Marty, également ancien archevêque de Paris.
Très tôt, André Vingt-Trois est perçu comme le fils spirituel du cardinal Jean-Marie Lustiger. Un duo qui marque encore aujourd’hui la mémoire du diocèse de Paris. Dès son ordination en 1969, il devient vicaire à la paroisse Sainte-Jeanne de Chantal, dans le XVIe arrondissement, puis vicaire général du diocèse de Paris, fonction qu’il occupe durant 18 ans. Parmi ses nombreuses missions à Paris, il mène de front : la réorganisation du séminaire, la mise en place de l’École cathédrale, la communication, la pastorale familiale, les aumôneries de l’enseignement public, et la catéchèse.
Nommé évêque auxiliaire de Paris à 45 ans, il devient ensuite archevêque de Tours en 1999, avant de revenir à Paris en 2005 pour succéder à son mentor.
Une voix forte et engagée
Créé cardinal par Benoît XVI en 2007, Mgr André Vingt-Trois est élu dans la foulée président de la Conférence des évêques de France, poste qu’il occupe jusqu’en 2013. À ce titre, il devient une voix forte de l’Église catholique, notamment contre le mariage pour tous. Une voix engagée, subtile, pleine d’humour aussi, et écoutée jusque dans les sphères romaines.
Il est nommé président délégué des synodes sur la famille en 2014 et 2015, sous le pontificat du pape François. Il siège aussi dans trois grandes congrégations de la Curie romaine : les évêques, le clergé et les Églises orientales, sous Benoît XVI. Il est également membre du comité de présidence du Conseil pontifical pour la famille, à la fin du pontificat de Jean-Paul II.
Cet enracinement dans le Christ lui donnait cette intelligence de l’obéissance à la croix, à la vie du Christ, dans toutes les situations que le diocèse et le monde ont traversées pendant son ministère à Paris.
Pour Mgr Jérôme Beau, le cardinal Vingt-Trois était avant tout « un homme enraciné dans le Christ, doté d’une grande sensibilité qu’il exprimait avec pudeur. Cet enracinement dans le Christ lui donnait cette intelligence de l’obéissance à la croix, à la vie du Christ, dans toutes les situations que le diocèse et le monde ont traversées pendant son ministère à Paris. » De son côté, Mgr Éric de Moulins-Beaufort salue son sens de la retenue et de la parole juste : « C'était un homme qui savait parler quand il le fallait, dire le moins de choses possible, mais toujours les bonnes. Certaines de ses formules sont restées marquantes. »
Des hommages au-delà de l’Église
Le président Emmanuel Macron a rendu hommage samedi au cardinal André Vingt-Trois, saluant, je cite, « un homme de foi, d’espérance et de charité, qui œuvra pour les plus démunis et les plus isolés, et fut un apôtre du dialogue interreligieux ». L’ambassadrice de France près le Saint-Siège, Florence Mangin, a réagi elle aussi : « La France perd un grand pasteur, une voix forte de l’Église et de la République. » Le Conseil français du culte musulman a également salué une figure marquante de l’Église catholique contemporaine. L’Œuvre d’Orient a tenu à rappeler sa discrétion, son humour, et son intelligence de stratège, soulignant l’impact durable qu’il a eu tant à Paris que pour les catholiques orientaux.
La France perd un grand pasteur, une voix forte de l’Église et de la République.
Enfin, elle a rappelé ces mots du cardinal, prononcés le 24 octobre 2013, lors de l’inauguration du mémorial Aaron Jean-Marie Lustiger, au monastère d’Abou Gosh, près de Jérusalem : « Un mémorial catholique en terre juive, au milieu du peuple arabe… Que ce soit le signe d’un espoir de paix. Car en créant de telles initiatives, les responsables religieux font tout leur possible pour maintenir des liens entre les trois religions, et éviter que le conflit ne devienne une guerre de religion. » Une vision qui résonne encore profondément aujourd’hui.


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