Hiroshima, Nagasaki et aujourd’hui : faut-il abolir l’arme nucléaire ?
Du 6 au 9 août, le monde commémore les bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki, perpétrés en 1945 par les États-Unis. Il y a 80 ans, les deux attaques ont ouvert une ère nouvelle : celle de la menace nucléaire. Jean-Marie Collin, directeur d’ICAN France (Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires), rappelle la logique qui a conduit à cette tragédie.
Hiroshima - Maarten Heerlien - FlickrDu 6 au 9 août, le monde commémore les bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki, perpétrés en 1945 par les États-Unis. Deux attaques qui ont fait plus de 200 000 morts et ouvert une ère nouvelle : celle de la menace nucléaire. Jean-Marie Collin, directeur d’ICAN France (Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires), rappelle la logique qui a conduit à cette tragédie.
Initialement destinée à l'Allemagne nazie, l'arme nucléaire servira finalement à faire plier l'empereur Hirohito et le Japon. Le 6 août 1945, Enola Gay largue "Little Boy" sur Hiroshima, la rayant de la carte ; le 9 août, Bockscar largue "Fat Man" sur Nagasaki, lui réservant le même sort. Les deux attaques ne seront pas pour autant déterminantes dans la fin de la Seconde Guerre mondiale.
"Ces armes nucléaires, finalement, ont aidé à la fin de la guerre, rappelle Jean-Marie Collin, mais ne sont pas l'élément clé qui ont permis sa fin […]. C'est la déclaration de guerre de la part de l'Union soviétique au Japon qui a véritablement engagé les Japonais à décider de la capitulation."
Les cicatrices invisibles : les survivants d’Hiroshima et Nagasaki
80 ans après les bombardements, les survivants – appelés Hibakusha – vivent encore les séquelles de cette attaque. "Ce sont […] des enfants, aujourd’hui âgés de 80, 85, 90 ans. […] Ils ont tous subi différents types de conséquences : brûlures massives, cancers, impossibilité d’avoir des enfants, fausses couches, isolement social", explique le directeur d'ICAN France.
Le traumatisme, aussi psychologique, a été transmis à des générations entières. En 2024, l'organisation Nihon Hidankyo, qui rassemble les Hibakusha, a reçu le prix Nobel de la paix, une forme de reconnaissance des survivants des bombardements atomiques.
Pour Jean-Marie Collin, il s'agit aussi de "rappeler aux neuf dirigeants de la planète qui possèdent des armes nucléaires qu’il est naïf de croire que notre société humaine peut continuer de vivre dans un monde où il y a plus de 12 000 armes nucléaires."
Qui possède aujourd’hui l’arme nucléaire ?
Selon la FAS (Fédération des scientifiques américains), en 2025, neuf pays dans le monde possèdent officiellement des armes nucléaires : les États-Unis (3 700 ogives), la Russie (4 309 ogives), la Chine (600 ogives), la France (290 ogives), le Royaume-Uni (225 ogives), l’Inde et le Pakistan (environ 180 ogives), Israël (90 ogives) et la Corée du Nord (50 ogives). "Neuf États […] qui font peser cette insécurité mondiale", estime l'invité de la matinale. "L’Afrique du Sud, dans les années 80, avait un arsenal nucléaire et a décidé de renoncer unilatéralement […]. Il y a ces prises de conscience aujourd’hui qui existent très largement." Aujourd'hui, il s'agit du seul pays à avoir agi ainsi.
L’un des grands mythes, selon Jean-Marie Collin, est que l’arme nucléaire garantit la paix. Une idée fausse, historiquement et moralement. "Les États-Unis et l’Union soviétique ne se sont pas battus, mais […] ont mené des combats interposés dans différentes régions du monde, où des centaines de milliers de personnes sont mortes", rappelle-t-il, soulignant qu'aujourd'hui, "les armes nucléaires qui existent aujourd’hui sont 10, 20, 30, 50 fois plus puissantes que celles d’Hiroshima et de Nagasaki."
L’organisation ICAN, prix Nobel de la paix en 2017, milite activement pour l’interdiction complète des armes nucléaires, via le Traité sur l'interdiction des armes nucléaires (TIAN) adopté par l’ONU en 2017. "Il faut avoir conscience que s’il y avait une guerre nucléaire […] on rentrerait dans ce qu’on appelle un hiver nucléaire, soit la fin de la société humaine telle qu’on la connaît", estime le directeur d'ICAN France.


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