Harold Abraham Weill: le concordat est une "alchimie paisible" entre les religions
Dans une campagne électorale un peu atone, quelle est la place de la laïcité ou de la religion dans le débat public ? Dans notre société ? La religion a-t-elle toujours voix au chapitre ? Pour en parler, RCF reçoit en direct depuis Strasbourg le Grand Rabbin du Bas-Rhin, Harold Abraham Weill.
Il y a dix ans, quasiment jour pour jour, Mohamed Merah s’attaquait à une école juive. Un attentat qui a évidemment fortement marqué la communauté juive de France, mais également les autres confessions. Pour Harold Abraham Weill, le temps qui passe n’efface pas la blessure. "Cette blessure, je vis avec, elle m’accompagne au quotidien" explique-t-il sur RCF, en direct de Strasbourg. Le Grand Rabbin du Bas-Rhin explique néanmoins que pour beaucoup de personnes, dans la communauté juive de France, cet attentat a été une raison de quitter le pays.
"Les acteurs religieux n'ont pas seulement des privilèges"
Pas à Strasbourg néanmoins. Harold Abraham Weill précise qu’ici, la communauté se sent plus protégée. "L’un des facteurs, c’est l’existence de ce concordat. C’est une alchimie paisible, un dialogue entre les religions. Notre communauté y a sa place. On constate moins d’incidents antisémites. Strasbourg est une communauté sereine, qui fait envie, qui accueille chaque année, des familles venues de Paris, de Marseille, de Toulouse etc" lance-t-il.
En raison de ce concordat, la région de Strasbourg fait office d’exception dans le paysage français. Un régime particulier qui a encore toute sa place dans l’Hexagone, en 2022, pour le Grand Rabbin du Bas-Rhin. "Il a plus que jamais sa place. Il me semble que si ce concordat est tellement décrié, c’est qu’il est méconnu. Il est de notre devoir de mieux le faire connaître, de faire voir ce qu’il apporte. Ce n’est pas seulement un coût. Les acteurs religieux n’ont pas seulement des privilèges, ils ont surtout des devoirs. C’est important de le rappeler" explique-t-il.
"Allez voter"
S’agissant de la laïcité, Harold Abraham Weill se réserve de porter tout jugement excessif. "La foi est un refuge pour beaucoup de personnes. Je l’ai ressenti à titre personnel. Même pour des gens éloignés de la communauté. On a été surpris par le nombre de fidèles qui ne participaient pas à la communauté, par cette crise, qui ont voulu recréer du lien. Ce n’était pas spécialement l’aspect religieux qui les intéressait. Mais cela a été une très belle découverte pour tout le monde" lance-t-il également.
Le Grand Rabbin du Bas–Rhin ne peut néanmoins s’empêcher de manifester son inquiétude, quant à la laïcité, vis-à-vis de certains discours qui émergent à l’occasion de la campagne électorale pour l’élection présidentielle. "Je suis inquiet par certains discours. Cette campagne a été atone. Elle est le fruit de toute cette actualité plus à l’Est, qui éclipse l’actualité présidentielle. C’est regrettable et à la fois compréhensible. Sans donner de consignes de vote, si je peux donner un conseil aux Français, c’est de bien réfléchir au pouvoir qui est le leur, d’aller voter. C’est très important" conclut Harold Abraham Weill.
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