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Harcèlement scolaire : sensibiliser pour protéger

Harcèlement scolaire : sensibiliser pour protéger

Un article rédigé par Melchior Gormand - RCF, le 21 octobre 2025 - Modifié le 21 octobre 2025
Je pense donc j'agisHarcèlement scolaire : sensibiliser pour protéger

Moqueries, insultes, coups, isolement… Pour des milliers d’élèves, l’école est devenue un enfer. Et trop souvent, les adultes ne voient rien ou ferment les yeux. Pourtant, le harcèlement n’est pas une fatalité : il se prévient, il se combat et il se dénonce.

Le harcèlement scolaire nous concerne tous © FreepikLe harcèlement scolaire nous concerne tous © Freepik

À l’heure où les réseaux sociaux amplifient les comportements de harcèlement jusque dans la sphère privée, informer les élèves, les parents et les enseignants devient un enjeu de société majeur. Comment éduquer à l’empathie, à la bienveillance et au respect ? Quels dispositifs existent pour protéger les victimes et responsabiliser les témoins ? Comment briser la loi du silence et donner aux jeunes le courage de dire non ? 

Comprendre le phénomène pour mieux le prévenir

Quand l’école devient un lieu de peur. Moqueries, insultes, coups, isolement… pour certains élèves, l’école se transforme en véritable enfer. Marie Quartier, professeure agrégée de lettres et directrice générale adjointe du centre Résis, explique que "le harcèlement scolaire, ou plutôt l’intimidation comme nous préférons l’appeler, reflète un sentiment de peur qui traverse tous les protagonistes, victimes comme auteurs. Même les enfants les plus gentils peuvent, sous l’effet de groupe, participer sans s’en rendre compte". Ce phénomène est amplifié par la dynamique de groupe. Enzo Villalta, chercheur et doctorant à l’Université Grenoble-Alpes, précise "qu'il y a des dynamiques de coalition autour des conflits qui peuvent conduire au harcèlement. Même des violences indirectes comme l’exclusion sociale ou les rumeurs sont des formes d’agression". Selon lui, tous les enfants peuvent être victimes ou auteurs à un moment donné, et ce dès le primaire.

Le numérique n’a pas augmenté le nombre de cas, mais il a diversifié les modes d’agression.

Avec l’avènement des réseaux sociaux, le harcèlement scolaire dépasse désormais les murs de l’école. "La plupart des phénomènes de cyberharcèlement surviennent au sein de groupes qui se connaissent déjà", précise Marie Quartier. Enzo Villalta complète : "le numérique n’a pas augmenté le nombre de cas, mais il a diversifié les modes d’agression. Exclusion de groupes WhatsApp ou moqueries sur Snapchat sont des prolongements de ce que les enfants vivent déjà dans la vie réelle". Pour le chercheur, il est crucial de distinguer le harcèlement des discriminations ou du sexisme : "lutter contre le sexisme permet de lutter contre le harcèlement. Certaines brimades prennent pour prétexte la différence, d’autres la réussite scolaire ou une maladresse". Marie Quartier souligne l’importance de ne pas réduire le phénomène aux seuls enfants vulnérables. "Beaucoup de victimes n’appartiennent pas à des groupes considérés comme vulnérables. Ignorer leur souffrance serait dangereux."

Agir efficacement pour protéger les enfants du harcèlement

Une responsabilité collective. Le harcèlement scolaire n’est pas uniquement un problème individuel, il est produit par le système scolaire. "L’école place des enfants en groupes homogènes pendant quinze ans. Ce système génère des effets secondaires dont le harcèlement peut être l’un des symptômes. C’est à l’école de trouver les moyens de le combattre", insiste Marie Quartier. La prévention passe aussi par une intervention structurée et non moralisante. "Au centre ReSIS, nous utilisons une méthode où personne n’est accusé, mais où il n’est pas acceptable que cela continue. Il s’agit de repérer la souffrance et de rencontrer individuellement les élèves, sans chercher à savoir qui est responsable", détaille-t-elle.

Le harcèlement n’est pas une fatalité. Il se prévient, se combat et se dénonce.

Le rôle des adultes et des équipes éducatives. Face à des milliers d’interactions quotidiennes, les enseignants ne peuvent pas tout voir. Enzo Villalta nuance : "la sensation de passivité peut exister, mais les personnels font face à une multitude d’interactions simultanées et doivent prioriser les plus graves". Marie Quartier ajoute que "les dispositifs pluridisciplinaires permettent de traiter rapidement les situations et offrent aux enfants la possibilité de demander de l’aide". Informer élèves, parents et enseignants reste un enjeu majeur. L’objectif : développer l’empathie, le respect et la bienveillance dès le plus jeune âge. "Le harcèlement n’est pas une fatalité. Il se prévient, se combat et se dénonce", conclut le chercheur, soulignant l’importance de briser la loi du silence et de donner aux jeunes le courage de dire non.

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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