Hamou Bouakkaz - Le talent n’est qu’une vulgaire fiction
Imaginez, depuis que je suis petit, ma mère ne cesse de me répéter que je suis extraordinaire ! Que j’ai parlé au moment de ma naissance ou peu s'en faut. Qu’il n’est jamais sorti de ma bouche que des propos intelligents et inspirés. Qu'à cinq ans, je faisais déjà des discours qui rendaient fou de jalousie Démosthène lui-même...
Eh bien patatras ! D'après les dernières trouvailles des neurosciences et le livre de Samah Karaki, le talent n’est qu’une vulgaire fiction assise sur des préjugés et des histoires fantasmées. S’il m’arrive le matin, entre deux borborygmes d’une voix à peine sortie du sommeil, de vous subjuguer, c’est tout bonnement parce que j’ai été beaucoup aimé et que j’ai beaucoup travaillé dans un contexte propice. Et que vous avez sur moi et mon galimatias un petit préjugé favorable.
Il n’y aurait pas de prédispositions ? Pas de cerveau gauche ? De cerveau droit ? De HPI au QI stratosphérique ? En tout cas, il semble que nos croyances limitantes et nos stéréotypes classent les individus et que chacun puisse apprendre tout au long de la vie. C’est assez stimulant !
Cela signifie qu’à condition de repenser la manière d’enseigner, de belles perspectives s’ouvrent pour tous. Il faut s’intéresser au processus plutôt qu’au résultat, apprendre par l’essai-erreur, privilégier l’émulation et le collectif à la compétition individuelle.
Ces trouvailles vont à rebours des tentations eugénistes d’une société qui rêve de la fabrication automatique d’une élite et de l’élimination systématique des présumés plus faibles. Chacun est différent et quel que soit son genre, son origine, sa situation sociale ou de handicap, avec de l'amour et du travail, il pourra offrir au monde et au futur son étincelle singulière d’éternité.
Hamou Bouakkaz, expert diversité et handicap intervient chaque semaine dans la Matinale