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Guerre en Ukraine : les limites d’une paix précipitée

Guerre en Ukraine : les limites d’une paix précipitée

Un article rédigé par Philomène Dubois - Radio Notre Dame, le 15 décembre 2025 - Modifié le 15 décembre 2025
L'Invité de la MatinaleA quoi est prête l'Ukraine pour la paix ?

Le président ukrainien était attendu à Berlin lundi 15 décembre, aux côtés de négociateurs américains. Dimanche déjà, pendant cinq heures, ils ont tenté d'avancer sur un accord de paix. Cyrille Bret, expert à l'Institut Montaigne en géopolitique, défense, Europe centrale et orientale, décrypte les enjeux de ces négociations.

2023/21/08. Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis rencontre le prsident ukrainien Volodymyr Zelensky au Maximou Mansion Athnes. Photographie de Aris Oikonomou / Hans Lucas.2023/21/08. Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis rencontre le prsident ukrainien Volodymyr Zelensky au Maximou Mansion Athnes. Photographie de Aris Oikonomou / Hans Lucas.

Volodymyr Zelensky a poursuivi à Berlin les discussions avec Steve Witkoff et Jared Kushner.

Construire un cessez-le-feu durable

Un accord de paix semble prématuré, aux yeux de Cyrille Bret. Il espère que les négociations actuelles déboucheront sur un accord de cessez-le-feu. « On voit bien que l'administration américaine, dont le rôle est extrêmement actif et central, essaye de précipiter le calendrier, d'emballer les horloges et d'obtenir très, très rapidement un accord », observe l’expert de l’Institut Montaigne.

l'histoire nous a bien montré qu'il y a des cessez-le-feu justes et des cessez-le-feu qui sont plus injustes, et surtout des cessez-le-feu qui sont précaires et des cessez-le-feu qui sont durables 

La fin des combats est essentielle pour les populations civiles et pour permettre la reconstruction des nombreuses infrastructures détruites durant près de quatre ans de guerre et par les nombreux bombardements quotidiens qui ont lieu sur le territoire. Cyrille Bret prévient néanmoins que « l'histoire nous a bien montré qu'il y a des cessez-le-feu justes et des cessez-le-feu qui sont plus injustes, et surtout des cessez-le-feu qui sont précaires et des cessez-le-feu qui sont durables ». Les négociations actuelles présentent de nombreuses incertitudes à ce stade.

Donald Trump veut accélérer les négociations

Deux raisons poussent le président américain à faire avancer les pourparlers. La première est une question de narcissisme, selon Cyrille Bret. « Donald Trump, dans son second mandat, essaye de faire mieux que Barack Obama, qui a obtenu un prix Nobel. » Cette équation personnelle joue énormément. La deuxième équation est beaucoup plus politique. L'administration de la Maison-Blanche essaie de résoudre tous les conflits en Europe ou au Moyen-Orient dans le but de pouvoir se consacrer à sa rivalité avec la Chine, en matière économique, mais également militaire.

 Donald Trump, dans son second mandat, essaye de faire mieux que Barack Obama, qui a obtenu un prix Nobel.

La toute dernière raison est économique. « Les négociateurs nommés par Donald Trump espèrent faire un accord pour leur patron et essayent également de faire leurs affaires au passage, notamment en arrachant la possibilité de reprendre pied sur un marché très prometteur, celui de la Russie », déplore le spécialiste en géopolitique et défense.

Le contenu des négociations

Les négociations actuelles portent sur des concessions territoriales. Le gouvernement ukrainien tente d’obtenir en échange de « véritables garanties de sécurité ». Il s’agit de la certitude juridiquement consacrée que, s'il est encore une fois attaqué par la Russie, il y aura une réaction militaire, économique et stratégique de la part des États-Unis. « Donc ce qu'il essaie d'obtenir, c’est en fait une contre-attaque américaine sur son territoire. Et là, évidemment, une administration isolationniste comme celle de Donald Trump n'est pas du tout encline à donner des garanties importantes », conclut l’expert.

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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