Guerre au Yémen: "c'est une abomination", selon Jeannette Bougrab
Le Yémen est en proie à une guerre civile depuis 2014, qui oppose le pouvoir aux rebelles houthis. C’est le sujet du dernier livre de Jeannette Bougrab, juriste, ancienne secrétaire d’Etat, "Un silence de mort, la sale guerre oubliée du Yémen" (éd. Cerf).
C’est en 2014, au début de la guerre, que Jeannette Bougrab se rend au Yémen pour la première fois, "quand je réalisais un documentaire sur des petites filles interdites d’école", raconte-t-elle, frappée par la situation humanitaire. La guerre au Yémen a fait plus de 100 000 morts.
Un pays multimillénaire
"Le Yémen est un pays vieux de plus de 3000 ans. On en parle aussi bien dans la Bible que dans le Coran. C’est la seule République de la région", explique Jeannette Bougrab qui déplore des musées bombardés, et une histoire multimillénaire effacée.
L’ombre de l’Arabie saoudite
Le soulèvement du Yémen s’est fait au lendemain des printemps arabes. "Il n’était pas question pour le voisin saoudien qu’un État juste à côté du sien puisse se prévaloir de la démocratie et de l’État de droit", analyse Jeannette Bougrab. "Ça pourrait faire tache d’huile comme le printemps arabe", explique-t-elle, déplorant que les bombes saoudiennes ont touché des civils. "Il n’y a eu de cesse de penser qu’il fallait réduire au néant ce pays. La puissance de l’Arabie saoudite viendrait de l’humiliation du Yémen", affirme la juriste.
L’ombre des groupes terroristes
"Quand on sait que l’Arabie saoudite a financé la plupart des mouvements terroristes en finançant des mosquées, c’est une blague", de dire que le pays lutte contre le terrorisme, selon Jeannette Bougrab. Pour la femme politique, "ce qu’on a réussi à faire, en fermant les yeux, c’est faire renaître AQPA [Al-Qaïda dans la Péninsule Arabique] dans la région. Le meilleur allié contre AQPA c’était les houthis".
Une responsabilité qu’elle accorde aussi à l’Occident dont les pays "traitent le mieux qu’ils peuvent leurs meilleurs clients qui achètent des armes”, selon elle. "C’est une complicité", affirme Jeannette Bougrab en citant un rapport de l’ONU qui demande aux États comme la France et les États-Unis de cesser toute nouvelle exportation.
Avec son livre, Jeannette Bougrab espère que le président de la République entendra son message, mais de jour en jour, l’espoir se fait de plus en plus mince.
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