Grève des pharmacies : vers "une américanisation du système de santé ?"
Le samedi 16 août a marqué le début de la mobilisation des officines de pharmacie sur tout le territoire. En cause : la baisse des remises accordées par les laboratoires aux pharmacies. Pour mieux comprendre les raisons de la colère, Philippe Besset, président de la FSPF, la fédération des syndicats pharmaceutiques de France est notre invité sur RCF, Radio Notre-Dame.
Pharmacie de la Côtière (Saint-Maurice-de-Beynost)Près de 4 500 pharmacies ont répondu à l'appel à la fermeture ce samedi, pour protester contre un arrêté gouvernemental du 6 août dernier qui vise à réduire les remises sur les médicaments génériques. Actuellement de l'ordre de 40%, elles devraient passer à 30% à compter du 1er septembre, puis à 20% d'ici à 2027.
L’objectif du gouvernement est de faire baisser les prix des médicaments génériques pour favoriser leur consommation, via une mise en concurrence des laboratoires pharmaceutiques. Un argument louable selon Philippe Besset, mais encore faut-il utiliser les bons leviers.
"C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase car nous sommes dans un contexte de fragilité des pharmacies, dont le nombre diminue de plus en plus depuis des années”, précise le président de la FSPF. “4 000 pharmacies ont dû baisser le rideau depuis 2007, 260 rien que l’an dernier.” Face à l’argument des économies, avancé par l’Etat, au bénéfice de la Sécurité sociale, Philippe Besset regrette "la fin d’un modèle social de proximité à la française".
“Un cadeau fait à l’industrie pharmaceutique”
Le système des remises, mené depuis une dizaine d'années, reposait sur un accord transparence entre les pharmaciens et l’Assurance maladie. “Remettre en cause ce mécanisme ne rapportera pas d’argent à l’Assurance maladie, ce sera au bénéfice des laboratoires pharmaceutiques.” Si à ce stade, il n’y a pas de risque de pénurie de médicaments. Pour Philippe Besset, le danger est plutôt du côté de la suppression des petites et moyennes pharmacies “au profit d’une “américanisation" du système de santé du type Decathlon de la pharmacie. Tout le contraire de ce que nous voulons”.
Pour la FSPF (la fédération des syndicats pharmaceutiques de France), c’est l’incompréhension car cet arrêté fait office d’arbitrage sans consultation préalable. D’autant que la réduction des remises représenterait “un manque à gagner énorme pour les petites pharmacies allant de 20 à 40 000 euros, ce qui mène souvent à des redressements judiciaires voire à des fermetures.”
Prochaine étape pour les syndicats de pharmaciens : interpeller les députés, plus à même selon eux de comprendre la situation réelle dans les villes et villages. Dans le même temps, ils continuent de participer aux travaux du Haut conseil pour l’avenir de l’Assurance maladie. La mobilisation devrait être renouvelée chaque samedi, jusqu'à nouvel ordre.


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