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Grand Nancy Thermal : un dossier au cœur des divisions

Grand Nancy Thermal : un dossier au cœur des divisions

Un article rédigé par Magali Santulli - RCF Lorraine Nancy,  -  Modifié le 8 octobre 2021


Alors que le chantier de rénovation de la piscine Nancy Thermal suit son cours, des voix continuent de s'élever contre ce projet. Si elle estime qu’une réhabilitation du site est effectivement nécessaire, l’association Le Bien Commun dénonce un service public dégradé, un financement public d’intérêt privé, un saccage du patrimoine et des irrégularités dans le contrat de concession signé avec la société privée Valvital.

© Architectures Anne Démians © Architectures Anne Démians

 

Bien-être, forme, détente et santé, tels sont les maîtres-mots du projet Nancy Thermal. À la clé ? Un pôle aquatique modernisé en cœur de métropole, qui ouvrira ses portes à l’horizon 2023” ; c’est ainsi que la métropole du Grand Nancy décrit son projet Grand Nancy Thermal. Un projet qui fait grincer des dents l’association Le Bien Commun qui y voit une opération immobilière, commerciale et financière. “Nous ne sommes pas opposés à la réhabilitation du site, ni à son extension sous forme de centre de bien-être et de centre thermal, rappelle Noël Le Monnier, membre de l’association. Nous comprenons tout à fait l’intérêt d’un renouveau du thermalisme à Nancy, car la ville et la métropole avaient laissé le site se dégrader. Nous avons une ressource en eau thermale, c’est une richesse qu’il faut exploiter”. 

 

Un service public dégradé

Mais pour Le Bien Commun, le projet de réhabilitation tel qu’il a été validé par la métropole du Grand Nancy va se faire au détriment des usagers. “Ils vont subir une hausse de 27 à 150 % des tarifs d'entrée au pôle sports et loisirs qui inclut la piscine olympique et le bassin extérieur. De plus, la capacité d’accueil du bassin extérieur sera réduite de moitié par rapport à la piscine Louison-Bobet, sur un emplacement beaucoup moins bien situé, le long d'une avenue passante et au pied des immeubles”. L'entrée à la piscine ronde passera de 4,50 € sans limite de durée à 16 € pour deux heures. “Avant, vous pouviez accéder à toutes les piscines de la métropole avec votre pass. Lorsque Grand Nancy Thermal ouvrira, il faudra y prendre un abonnement spécifique, non valable dans les autres piscines de l’agglomération”. L’association dénonce un projet “qui s'adresse d'abord à une clientèle haut de gamme, à des curistes, des sportifs de haut niveau, et non aux usagers habituels de Nancy Thermal”. 

 

Un financement public d'intérêt privé 

Pour Le Bien Commun, les habitants du Grand Nancy seront lésés en tant que contribuables. La métropole s’est en effet engagée à verser sur 30 ans 86 millions d’euros d’argent public, tandis les actionnaires profiteront d’une rente de situation, s’indigne l’association. Le Bien Commun reproche à la métropole d’avoir retenu l'offre de Valvital, alors que son projet était le plus coûteux en termes d'investissement, pour la collectivité et pour les usagers. “La métropole avait prévu de ne participer en aucun cas au financement des équipements lors de la construction, mais qu’elle verserait une subvention annuelle de fonctionnement à partir de la mise en service ; 2,2 millions d’euros pour compenser des obligations de service public”, explique Noël Le Monnier. Mais Le Bien Commun accuse la métropole d’avoir signé un contrat illégal avec Valvital. “Un appel d’offre a été passé dans le cadre du processus de désignation du concessionnaire. Or, en cours de consultation, le candidat Valvital a demandé une subvention de 25 millions d’euros pour une partie de la réhabilitation et que la métropole a acceptée. Conformément à la loi, ce candidat aurait dû être éliminé du processus de désignation, car son offre initiale n'était pas conforme à la délibération votée par les élus et ne respectait pas les règles de la concurrence”. 

 

Un saccage du patrimoine architectural

Le Bien Commun déplore par ce projet “le saccage d'un patrimoine architectural remarquable dans un quartier en partie École de Nancy : adjonction au bâtiment de Lanternier d'une construction de couleur noire et de type bureaux, le tout recouvert d'un couvercle de même couleur appelé à masquer largement les fameuses coupoles si caractéristiques du site”.

 

Un contrat résilié par la justice

En 2016, nous avions déjà commencé à agir en lançant une pétition. Puis est arrivée la signature du contrat en 2018. A ce moment-là, nous avons décidé d’aller en justice”. Le Bien Commun a dénoncé devant le tribunal administratif de Nancy les irrégularités relevées. “Le tribunal a rendu le 9 juillet 2021 sa décision concernant le recours contre le contrat de concession de Grand Nancy Thermal. Il nous a donné raison et a sanctionné la métropole, retirant Valvital de l'exploitation du site”. Cependant le chantier de réhabilitation poursuit son cours. “Le tribunal a assorti cette résiliation d'un effet différé, à la date du 11 décembre 2022 au plus tard, ce qui laisse la possibilité de poursuivre les travaux en attendant”, regrette Noël Le Monnier. La métropole du Grand Nancy, elle, a fait appel de cette décision du tribunal. “De notre côté, nous venons de faire un signalement au procureur de la République pour qu’il examine les conditions d’attribution du contrat”. 

 

Une renégociation des tarifs ? 

Le Bien Commun accuse Mathieu Klein de tromper les usagers lorsqu’il affirme qu’il va renégocier les prix d’entrée de la piscine. “Lorsque le contrat signé avec Valvital avait encore cours, les prix étaient déjà gravés dans le marbre. Impossible de les modifier donc. Avec la résiliation du contrat, la métropole avait justement l’opportunité de rédiger un nouveau contrat avec de nouveaux tarifs. Mais en choisissant de faire appel, le Grand Nancy demande à réintroduire l’ancien contrat avec les mêmes conditions et les mêmes prix”. Une possibilité : la métropole pourrait proposer des tarifs d’entrée moins élevés, en compensant elle-même la différence. “Mais une fois encore, avec l’argent du contribuable”, conclut Noël Le Monnier. 

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