Gouvernement : Jean Pierre Vigier veut un Ministère dédié à la montagne
Alors que le nouveau Premier Ministre multiplie les rencontres et les échanges pour dégager un programme capable de retrouver un peu de stabilité politique. Jean Pierre Vigier, député Les Républicains de Haute-Loire et président de l'ANEM (Association Nationale des Elus de la Montagne) veut faire entendre la voix des territoires d'altitude et réclame un Ministère dédié. Il répond aux questions de Stéphane Longin pour RCF.
Jean Pierre Vigier, député de Haute-Loire et président de l'ANEM @RCFStéphane Longin : Pourquoi avez-vous renouvelé votre confiance au gouvernement de François Bayrou ?
Jean Pierre Vigier : J’ai voté sans enthousiasme pour assurer la stabilité du pays et éviter le chaos. Car on voit bien qu’en ce moment l’économie est en berne et que les Français sont très inquiets. Maintenant, nous avons un nouveau Premier ministre avec Sébastien Lecornu et l’urgence, c’est de voter le budget au plus tard le 31 décembre 2025. Je pense que la méthode qu’il utilise est la bonne car il ne cherche pas à faire un casting de ministres mais à trouver des compromis autour d’un contrat de gouvernement avec une feuille de route. Chercher à trouver le plus petit dénominateur commun pour retrouver enfin cette stabilité est essentiel. Avec Les Républicains, on est donc favorables à un contrat de gouvernement, mais ce n’est pas un chèque en blanc. Nous avons toujours dit qu’il faut répondre en priorité aux attentes et aux besoins des Français et, dans ma circonscription, je reçois de nombreuses personnes et certaines me disent que, le 15 ou le 20 du mois, tout en travaillant, elles n’ont plus rien pour vivre. Donc la priorité des priorités, c’est de revaloriser le travail, c’est indispensable !
on doit retrouver une France forte, une France avec un Cap
Les responsables politiques et les députés sont-ils vraiment capables d’aller chercher un consensus ?
On n’a pas le choix ! Regardez l’état du pays, regardez le contexte international… on doit retrouver une France forte, une France avec un cap. Et la méthode de Sébastien Lecornu me convient : se mettre d’accord sur un contrat de gouvernement avec une feuille de route écrite où l’on sait où on va. L’exercice ne sera pas facile, mais s’il y arrive — et je l’espère de tout cœur — à réaliser ce contrat de gouvernement, alors on sera capables de discuter et de voter le budget.
Les 5 députés Les Républicains d’Auvergne sont sur la même ligne ? Car lundi vous êtes deux à avoir voté la confiance (avec Laurent Wauquiez), deux contre et une abstention…
Il y a plusieurs raisons pour lesquelles ils ont voté contre et je ne vais pas revenir dessus, c’est le passé. Moi, ce que je leur demande — et ils le feront, car ce sont des députés responsables —, c’est de suivre la position du groupe. De valider ce contrat de gouvernement que nous sommes en train d’écrire au niveau des Républicains.
Vous êtes aussi le président de l’ANEM (Association nationale des élus de montagne) et vous réclamez la création d’un ministère dédié à la montagne ?
Oui, sur le même modèle que le ministère en charge de la ruralité, je verrais bien un Secrétariat d’État Ruralité-Montagne. Parce que la montagne, c’est un territoire avec ses spécificités et que, dans la première loi Montagne de 1985, a été écrit le droit à la différenciation. Aujourd’hui, ce droit de différenciation n’est pas appliqué. Je vous prends un exemple avec les normes qui s’appliquent aujourd’hui de la même manière sur tout le territoire français. Un hôtel de 1 000 chambres à Paris et un hôtel de 9 chambres en zone de montagne doivent répondre aux mêmes exigences et aux mêmes normes. Du coup, de petits hôtels ferment alors qu’avec une gouvernance locale, sous la responsabilité du préfet, on peut mettre en place des différenciations territoriales efficaces.
Faire entendre la voix de la montagne à Paris, à l'Assemblée Nationale et dans les ministères
À l’heure où la France doit faire des économies, votre proposition n’est-elle pas en décalage ?
Pas du tout, bien au contraire, puisque ça permettrait certainement de faire des économies en assouplissant les règles et les normes. Elles seraient beaucoup moins coûteuses et s’adapteraient à la réalité du terrain, avec des dépenses en moins que l’on fait aujourd’hui et qui sont certainement inutiles. Je ne demande pas un centime supplémentaire à l’État, pas un centime supplémentaire au futur gouvernement.
Vous demandez un ministère de la Montagne. Cela veut dire que vous êtes candidat pour l’occuper ?
Pas du tout. En tant que président de l’ANEM, je me contente d’être la voix de la montagne, de la faire exister et de défendre, en fonction des besoins, nos spécificités. On a pu le faire sur le dossier du transfert de la compétence eau-assainissement aux communautés de communes, qui est maintenant facultatif alors qu’il était obligatoire. Ce n’est pas ma personne qui compte, c’est de défendre et de porter la voix des territoires de montagne à Paris, à l’Assemblée nationale et dans les différents ministères.


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