Accueil
Golfe de Gascogne : le regard d'Hélène Peltier, co-autrice du rapport de l'observatoire Pelagis sur la fermeture début 2025

Golfe de Gascogne : le regard d'Hélène Peltier, co-autrice du rapport de l'observatoire Pelagis sur la fermeture début 2025

Un article rédigé par Tanguy Sanlaville - RCF Charente-Maritime, le 10 décembre 2025 - Modifié le 10 décembre 2025
Grand Témoin Région en Nouvelle-AquitaineHélène Peltier, Ingénieure de recherche au sein de l'Observatoire Pelagis

Pour la deuxième année consécutive, le Golfe de Gascogne a été fermé du 22 janvier au 20 février aux bateaux de pêche de plus de huit mètres. Retour sur le bilan de cette mesure avec Hélène Peltier, co-autrice du rapport de l'observatoire Pelagis à ce sujet. 

Une nouvelle période de fermeture aura lieu du 22 janvier au 20 février 2026 pour les navires de plus de huit mètres. ©DRUne nouvelle période de fermeture aura lieu du 22 janvier au 20 février 2026 pour les navires de plus de huit mètres. ©DR

Du 22 janvier au 20 février 2025, le Golfe de Gascogne a connu une nouvelle période de fermeture aux bateaux de pêche de plus de huit mètres. Une mesure déjà mise en place en 2024 et vouée à se reproduire en 2026. Objectif : lutter contre les captures accidentelles de dauphins et autres petits cétacés, après une surmortalité observée depuis 2016 mettant en péril les espèces et les recours d'associations.

Quel impact pour une telle mesure ? C'est ce que cherche à démonter l'observatoire Pelagis depuis la première mise en place de cette fermeture. Après un premier rapport fin 2024, cette unité de recherche de l'université de La Rochelle et du CNRS a publié le 27 novembre dernier ses conclusions quant à l'application de la mesure en 2025. Pour mieux les appréhender, nous sommes allés à la rencontre de Hélène Peltier, ingénieure de recherche et spécialiste des captures de cétacés dans les engins de pêche. Membre de Pelagis, elle fait partie des cinq co-auteurs de ce rapport. 

RCF : Quels sont les résultats présentés dans votre rapport sur la fermeture 2025 du Golfe de Gascogne ? 

Hélène Peltier : Pour l'année 2025, on a vu qu'on avait des conditions météos assez favorables aux échouages au début de l'hiver. Cela veut dire que, quand on a des échouages, ils sont représentatifs de ce qu'il se passe en mer. A la fin de l'hiver, par contre, on avait vraiment des vents qui poussaient les carcasses au large ; sur cette seconde partie, on n'est pas capables de dire si le peu d'échouages est lié à une faible mortalité en mer, ou si c'est lié à des mortalités en mer qui ne sont pas visibles à cause du vent. 

On a une estimation qui est d'à peu près 1900 captures de dauphins communs sur la période de décembre à mars. C'est très clairement moins que ce qu'on observait avant la période de fermeture, encore une fois avec la précaution sur les conditions météorologiques qui ne sont pas complètement favorables à l'interprétation parfaite de ces échouages. 

RCF : Est-ce possible de comparer les fermetures de 2024 et 2025 ? 

C'est un exercice qu'on ne fait pas vraiment, parce qu'on estime que pour pouvoir comparer, il faudrait exactement les mêmes conditions météorologiques et de pêche ; on a une fermeture, mais les bateaux de moins de huit mètres continuent à pêcher. Il faudrait aussi qu'on ait exactement la même distribution des dauphins, pour que finalement la seule chose qui change entre les deux années, ce soit les captures. 

Or, ne serait-ce que par la météo, la présence des dauphins et celle de leurs proies, on a des choses qui évoluent beaucoup d'une année à l'autre. On peut dire effectivement que, dans les deux cas, on est à des niveaux très faibles de captures par rapport à ce qu'on observait entre 2016 et 2023. Par contre, aller plus finement dans la comparaison, on s'y refuse un peu, parce que mathématiquement, ce n'est pas complètement judicieux. 

RCF :  A la lecture du rapport, on sent une prudence certaine, avec des résultats qui sont encore voués à évoluer. 

Oui, c'est tout l'intérêt de la science ! Au fur et à mesure de l'amélioration des connaissances, on fait évoluer les méthodes. Ici, ce ne sont pas forcément les méthodes qu'on a faites évoluer, mais plutôt des paramètres pour corriger entre les échouages et les mortalités en mer. 

RCF : Au vu de cette prudence, on pourrait se dire que le rapport a peu d'intérêt, vu les difficultés à établir des comparaisons. Que répondez-vous à cela ?

 Je trouve cela assez intéressant, cela questionne vraiment sur la notion d'incertitude. Connaître les sources d'incertitude et pouvoir les quantifier, c'est vraiment un signe de robustesse. C'est partie intégrante de la démarche scientifique. 

Pour un certain nombre de gens, du côté du grand public, c'est perçu comme une défaillance, alors que, pour nous, c'est vraiment une force. On sait qu'on ne mesure pas parfaitement, parce qu'il faudrait tuer tous les dauphins et les compter - ce qui est évidemment quelque chose qui est inenvisageable. On est contents de pouvoir dire qu'on améliore notre quantification de telle incertitude, mais pour d'autres gens, c'est perçu comme une faiblesse - alors qu'en termes de démarche scientifique, c'est vraiment une force. 

 

RCF en Nouvelle Aquitaine
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Grand Témoin Région en Nouvelle-Aquitaine
RCF en Nouvelle Aquitaine
Découvrir cette émission
Cet article vous a plu ? Partagez-le :

Votre Radio vit grâce à vos dons

Nous sommes un média associatif et professionnel.
Pour préserver la qualité de nos programmes et notre indépendance, nous comptons sur la mobilisation  de tous nos auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

Faire un don
Qui sommes-nous ?

RCF est créée en 1982, à l'initiative de l'archevêque de Lyon, Monseigneur Decourtray, et du Père Emmanuel Payen. Dès l'origine, RCF porte l'ambition de diffuser un message d'espérance et de proposer au plus grand nombre une lecture chrétienne de la société et de l'actualité.

Forte de 600.000 auditeurs chaque jour, RCF compte désormais 64 radios locales et 270 fréquences en France et en Belgique. Ces 64 radios associatives reconnues d'intérêt général vivent essentiellement des dons de leurs auditeurs.

Information, culture, spiritualité, vie quotidienne : RCF propose un programme grand public, généraliste, de proximité.Le réseau RCF compte 300 salariés et 3.000 bénévoles.