Germinal Roaux et le film "Fortuna"
Fanny Cohen Moreau« Fortuna » raconte l’histoire d’une jeune fille éthiopienne réfugiée dans un monastère. On est à l’hospice du Simplon, en Suisse, à la frontière avec l’Italie, dans un hospice religieux de chanoines, dans un paysage enneigé. Le film commence avec des images très épurées de la Méditerranée, « je ne voulais pas remontrer des images qu’on avait déjà vues, mais essayer de nous faire réfléchir à tout ce que nous avons déjà vu ».
Par sa compagne il a rencontré des jeunes filles, des mineures isolées, « ça m’a bouleversé, leur histoire leur parcours et leur force aussi ». Il a voulu faire un film pour raconter leurs histoires et de la difficulté pour les accueillir. Face à la difficulté de ses parcours, « le film est assez silencieux finalement, tout est dans l’indicible, ces jeunes ont beaucoup de difficulté à parler ».
Un casting long dans plusieurs pays
Pour le personnage de Fortuna, le casting a été très long, et c’est finalement directement en Ethipie à Addis-Abeba, que Germinal Roaux a trouvé la comédienne qui l’incarnerait, Kidist Siym Beza. « C’est très compliqué de trouver une jeune fille entre deux mondes, entre deux sociétés, entre deux langues, j’avais besoin d’une jeune fille qui ne parle pas encore le français. »
Le choix du monastère comme cadre de l’histoire et lieu de tournage lui a été inspiré par l’actualité : « je n’avais pas forcément envie de faire un film religieux mais j’ai pensé que ce contexte-là permettait tout d’un coup de poser des questions qu’on n’aurait peut-être pas pu poser ailleurs. » « Les chanoines sont une communauté qui ont vocation à l’accueil, donc je trouvais intéressant de poser la question de l’accueil chez eux ». Et pendant le tournage une vraie collaboration a eu lieu entre l’équipe et les hommes d’Eglise.
Faire un film pour resensibiliser
« J’ai essayé de faire ce film pour nous mettre en mouvement, pour nous amener à réfléchir sur ces questions-là un petit peu dans le calme », explique Germinal Roaux. « Il y a quelque chose dans cette répétition de la tragédie qui nous insensibilise, donc peut être qu’avec l’art et la poésie on peut trouver une façon de nous resensibiliser ».
