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Gérard Noiriel : "avec les Gilets Jaunes il s'agit de remettre l'accent sur les questions sociales"

Gérard Noiriel : "avec les Gilets Jaunes il s'agit de remettre l'accent sur les questions sociales"

 - Modifié le 18 février 2019
L'historien Gérard Noiriel analyse le mouvement des gilets jaunes, trois mois après le premier épisode le 17 novembre dernier.
Fanny Cohen MoreauFanny Cohen Moreau

Directeur d’études à l’EHESS, Gérard Noiriel a travaillé sur l’histoire de l’immigration en France, sur le racisme et la classe ouvrière.  Il vient de publier aux editions Agone Une histoire populaire de la France. De la guerre de Cent Ans à nos jours aux éditions Agone. Et cela fait 40 ans qu'il travaille sur l’histoire des classes populaire en France.

Pour Gérard Noiriel, "le gilet jaune est le signe d’une forme de fossé qui s’est creusé entre les élites et les classes populaires, de la crise économique qui laisse des personnes sur le bord de la route, et des mutations de la société de communication, avec le développement des réseaux sociaux et des chaines d’information en continue".

Une révolte d'une minorité

Dans son livre Une histoire populaire de la France, Gérard Noiriel constate que les révoltes émergent d’une "minorité du peuple français mais ne représentent pas toutes les classes populaires", et pour lui il en va de même avec les gilets jaunes. En s’appuyant sur les travaux des sociologues qui ont étudié le mouvement, Gérard Noiriel analyse que les gilets jaunes représentent "la partie la moins dominée des classes populaires, on voit très peu de populations de banlieue ou issue de l’immigration", "ce ne sont jamais les plus pauvres qui se révoltent". 

Gérard Noiriel voit dans ce mouvement "l’intérêt de tout le monde de remettre l’accent sur des questions sociales plutôt que sur des questions identitaires, comme c’était le cas ces dernières années".

Pas une "jacquerie"

La comparaison avec les "jacqueries" n’est pas valable pour Gérard Noiriel, ni celle avec le poujadisme, "c’est un mouvement beaucoup plus multiforme et compliqué à décrire". "Néanmoins ce mouvement en rappelle d’autres si on examine certains comportements, notamment avec la thématique du droit à la dignité"

"Ce qui est inédit dans ce mouvement c'est qu'on ne passe plus par des organisations traditionnelles", Gérard Noiriel relève l'obsession des gilets jaunes de ne pas être récupérés par des syndicats ou autres associations. Cependant pour lui "ils sont tout de même très dépendants des nouveaux moyens d’organisation que sont les réseaux sociaux et les chaînes d’information en continue".

Un mouvement fraternel

"La fraternité des ronds-points n’est pas nouvelle", c’est justement une des caractéristiques des mouvements sociaux comme Mai 68 explique l'historien : "des personnes isolées qui se retrouvent dans la fraternité, des personnes atomisées par la crise et privés de toute sociabilité, avec une chaleur humaine se construit et s’entretient, pour que le mouvement puisse durer".
 

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