Gérard Adam, entre les armes et les lettres
Rencontré au Salon des littératures singulières, Gérard Adam retrace pour nous un parcours hors normes : médecin militaire en Bosnie, poète précoce, puis éditeur passionné à la tête de M.E.O., une maison dédiée à la littérature exigeante !
©J'Achète BelgeNé à Onhaye, dans la province de Namur, Gérard Adam a grandi dans une famille modeste. « Faire médecine, c’était un rêve inaccessible sans l’armée », confie-t-il. C’est donc la voie de la médecine militaire qu’il emprunte, un choix qui le mènera loin : en Afrique d’abord, puis en ex-Yougoslavie, au cœur du chaos bosniaque, sous casque bleu.
De retour de Bosnie, une autre forme d'engagement l'attend. Il est sollicité par une ONG venue en aide aux réfugiés de la guerre. Parmi eux, des artistes, écrivains, musiciens. « On a commencé à organiser des concerts, des expositions, des lectures », se souvient-il. Un besoin d’expression naît, partagé entre ceux qui ont fui la guerre et ceux qui les accueillent.
De l’aide humanitaire à l’édition littéraire
L’idée d’une maison d’édition germe dans ce contexte. D'abord, publier en Bosnie des auteurs belges. Puis, avec la fin du conflit et le retour des réfugiés, le projet s’inverse : faire découvrir en Belgique les voix de la Bosnie-Herzégovine, traduites en français. C’est la naissance de M.E.O., acronyme de l’ONG d’origine, devenue aujourd’hui une maison d’édition littéraire reconnue.
Depuis, M.E.O. a publié plus de 250 ouvrages, élargissant son catalogue à des auteurs francophones du monde entier. Sa ligne : une littérature exigeante, où le récit compte autant que le style. « Il faut qu’il y ait un travail sur l’écriture, qu’elle soit belle », insiste Gérard Adam.
L’écrivain derrière l’éditeur
Avant d’être éditeur, Gérard Adam est poète depuis l’adolescence. Et romancier. Si le temps lui manque désormais pour écrire, il continue malgré tout, quand il le peut. Il nous parle avec tendresse de son roman paru en 2011, Le Saint et l’autoroute, récit satirique et tendre d’un village belge imaginaire mais ô combien reconnaissable.
On y croise un ancien curé devenu druide, un philosophe athée, un bourgmestre grand maître d’une confrérie déjantée, et même une fée tombée du ciel. Le roman, à la fois pastiche de polar et fable humaniste, fait écho à son village natal d’Onhaye (même si tous les noms ont été changés).
Une double vie, un seul engagement : la littérature
Être éditeur n’a pas altéré sa plume, affirme-t-il. « Sauf que je n’ai plus le temps d’écrire », dit-il en riant. En revanche, être écrivain l’aide au quotidien dans son métier d’éditeur : il sait reconnaître une voix, une langue, une sincérité. Son expérience d’écrivain nourrit son travail d’éditeur. Il sait ce que c’est que de peiner sur une phrase, de douter d’un manuscrit, d’attendre un retour. Cela lui donne une écoute particulière, une sensibilité.
De la Bosnie à la poésie, de la médecine militaire aux récits engagés, Gérard Adam incarne une trajectoire singulière. Et avec M.E.O., il continue de faire résonner des voix venues d’ailleurs pour peu qu’elles sachent, comme lui, allier beauté et profondeur.


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