Général Christophe Gomart : "La France a donné 25% de son artillerie à l'Ukraine"
En visite à Kiev la semaine dernière, le ministre des Armées Sébastien Lecornu a annoncé un nouvel "agenda" pour le soutien militaire français. Mais pour le moment, le soutien aux troupes ukrainiennes de la part de la France est modeste : dixième en termes de livraisons d’armes, bien loin après les États-Unis mais aussi le Royaume-Uni, la Pologne ou l'Allemagne. La France en fait-elle assez pour soutenir le pays de Volodymyr Zelensky ?
Si le soutien apparent de la France paraît modeste au regard des promesses d'autres pays, en pratique, la France contribue déjà massivement au soutien militaire sur place. C'est ce que souligne l'ancien chef du renseignement militaire en France, le général Christophe Gomart. "La France jusqu'à présent a donné pas mal de matériel, a entraîné des soldats ukrainiens sur le sol français en particulier pour les artilleurs qui utilisent les canons César", détaille l'ancien militaire. Les 18 canons Caesar donnés par la France représentent "25% de son artillerie, ce qui est en soi énorme".
Le défi technique d'entretien du matériel donné à l'armée ukrainienne
La France avait en effet annoncé avoir prêté une grande part de son matériel. Prêté, ou plutôt, donné. Cette artillerie est déjà très utilisée sur le terrain : "Je crois comprendre que les canons tirent beaucoup, or, un canon, ça s'use", précise le général Gomart. Ainsi, les canons doivent être régulièrement réparés. Un défi pour l'armée ukrainienne : "Aujourd'hui, elle a affaire à une telle diversité de matériels qu'en termes d'entretien, de maintien en conditions opérationnelle, derrière il doit y avoir des mécaniciens pour chaque type de charge active d'engin blindé, pour chaque type de canon."
L'armée ukrainienne s'est aguerrie
Pour autant, l'armée ukrainienne a réussi à relever de nombreux défis depuis le début du conflit. "On voit bien aujourd'hui que le soldat ukrainien 2022 est très différent du soldat ukrainien de 2014, souligne le général Gomart, il est beaucoup plus otanisé au sens des méthodes de combat, au sens des procédures de combat, au sens des équipements de combat." Un aguerrissement de l'armée ukrainienne qui est le résultat d'un conflit qui dure depuis 2014 dans certaines régions du pays, avec pour les Ukrainiens l'appui des Américains et des Britanniques. Mais si l'armée de Volodymyr Zelensky a pu gagner des batailles, la guerre n'est pas terminée. Citant Bismarck, le général Gomart rappelle que "la Russie n'est jamais aussi forte qu'on le craint, ni aussi faible qu'on peut l'espérer".
Les drones, une arme nouvelle génération
Pour gagner la guerre, tout est permis, y compris le recours à des armes de nouvelle génération. Il y a quelques jours, une usine de fabrication de drones a été prise pour cible. "Les drones sont très utiles, précise le général Gomart, nous les Français, on a beaucoup utilisé nos drones au Sahel, en particulier dans le cadre de la lutte contre les terroristes ou les groupes djihadistes armés."
Les armées du monde entier s'équipent désormais en drones. "Que ce soit des drones terrestres, des drones aériens voire demain des drones maritimes, c'est extrêmement utile parce que ça évite effectivement d'envoyer ces soldats au contact directement et ça préserve la vie de des soldats." Des drones aujourd'hui utilisés dans le conflit, notamment côté russe, pour détruire des cibles fixes comme des infrastructures énergétique. "Malheureusement la première victime, c'est la population civile."
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