Gaël Giraud : ce que révèle l’enquête de La Vie
Économiste reconnu, prêtre jésuite et intellectuel engagé sur les questions écologiques, Gaël Giraud a longtemps incarné une figure morale singulière dans le débat public. Une enquête publiée par La Vie met aujourd’hui en lumière des témoignages qui dénoncent son comportement dans les sphères universitaire et personnelle.
Gaël Giraud - RCFPrêtre, normalien et ancien économiste en chef de l’Agence française de développement (2015-2019), Gaël Giraud s’est imposé dans les années 2010 comme une voix critique du capitalisme et un intellectuel engagé sur les enjeux écologiques et politiques. Son image publique se fragilise toutefois à partir de 2022, après des accusations de plagiat qui conduisent à la réécriture de son livre Composer un monde en commun. En mars 2023, Le Monde publie une enquête intitulée "Gaël Giraud, les zones d’ombre d’un économiste qui prenait la lumière". Depuis, un contentieux judiciaire est en cours, Gaël Giraud contestant les accusations.
Ce mercredi 17 décembre 2025, La Vie publie une enquête approfondie intitulée "Gaël Giraud, les ombres d’un prodige", fondée sur de nombreux témoignages de personnes ayant travaillé ou été en relation étroite avec le prêtre jésuite.
Accusations de plagiat et management contesté
L’enquête de La Vie rapporte les récits d’anciens collaborateurs de Gaël Giraud, notamment lors de son passage à l’université jésuite de Georgetown, où il a dirigé entre 2021 et 2023 l’Environmental Justice Program. Plusieurs témoignages décrivent un cadre de travail jugé instable et oppressant. Certains évoquent des pratiques managériales toxiques et des soupçons d’appropriation de travaux scientifiques. Le journal fait état de plaintes internes déposées auprès de l’université américaine. Gaël Giraud conteste ces accusations.
Emprise et manquement à la chasteté
L’enquête donne également la parole à deux femmes qui témoignent de relations intimes qu’elles décrivent comme marquées par une forte emprise psychologique. L’une d’elles, Sandra, vierge consacrée, confie : "J’ai eu peur de le perdre si je refusais." Chloé évoque de son côté une sexualité vécue sous pression : "Il me faisait comprendre que si je n’en voulais pas, il ne voudrait plus de moi."
Gaël Giraud dément l’ensemble de ces récits et affirme que les relations étaient consenties.
En novembre 2025, une enquête canonique préliminaire a été ouverte par le Tribunal pénal canonique national, à la demande de la Compagnie de Jésus, afin d’examiner plusieurs témoignages faisant état de harcèlement, "allant possiblement jusqu’au viol". Un signalement a également été transmis au procureur de la République. À ce stade, aucune condamnation judiciaire n’a été prononcée.
Des réponses institutionnelles questionnées
Au-delà du cas personnel de Gaël Giraud, l’enquête de La Vie interroge la responsabilité des institutions, notamment celle de la Compagnie de Jésus, alertée à plusieurs reprises. Si des mesures conservatoires ont été prises à partir de janvier 2024 : limitation des activités publiques, jeûne médiatique et affectation en Belgique, l’absence de sanctions disciplinaires plus lourdes continue de susciter des interrogations.
