Frappes israéliennes à Gaza : “Les journalistes ont tous une cible dans le dos”
Après la mort de six journalistes tués par des frappes israéliennes à Gaza, Martin Roux, responsable du bureau des crises à Reporters sans frontières (RSF), explique la situation de blocus médiatique dans l’enclave.
Illustration d un gilet pare-balles et d un casque taches de faux sang, avec le message “ presse “, pour denoncer l assassinat de journalistes palestiniens, lors de la manifestation marche pour demander un cessez-le-feu immediat en Palestine et au Liban, pour demander que la France prenne ses responsabilites et porte la voix de la paix, a Paris, FRANCE, le 09 novembre 2024. © Xose Bouzas/Hans LucasDimanche 10 août, une frappe israélienne a ému toute la communauté internationale, entraînant la mort de 6 journalistes gazaouis, notamment le reporter vedette d’Al Jazeera, Al-Sharif. Le gouvernement israélien a justifié son attaque en qualifiant ces journalistes « de terroristes » du Hamas.
Une situation catastrophique pour les journalistes à Gaza
Depuis octobre 2023, le gouvernement israélien a fortement restreint l’accès aux médias internationaux à la bande de Gaza, imposant rapidement un blocus médiatique total. La situation pour les journalistes gazaouis restés dans l’enclave palestinienne est catastrophique, selon Martin Roux. « Cette frappe nous rappelle que les journalistes à Gaza ont tous une cible dans le dos », prévient le responsable de RSF. Plus de 200 journalistes ont été tués en près de 22 mois d’opérations militaires, une situation que Martin Roux dénonce et qualifie de scandaleuse et d’affolante : « ce chiffre devrait tous nous affoler ». Malgré la mobilisation des ONG et des médias internationaux, la communauté internationale n’a pris aucune mesure concrète.
Cette frappe nous rappelle que les journalistes à Gaza ont tous une cible dans le dos.
La situation s’est empirée ces deux derniers mois avec la famine qui s’est installée, due au blocus humanitaire réalisé par l’armée israélienne, empêchant la bande de Gaza d’être ravitaillée. Martin Roux explique que « les journalistes sont eux aussi victimes de cette famine. Ils n’ont plus ou très peu de quoi se nourrir, ni de quoi nourrir leur famille ».
Des assassinats ciblés
L’armée israélienne dit fournir des « preuves » devant justifier les frappes visant les journalistes. Martin Roux souligne que celles-ci ne sont « aucunement crédibles, sans dire que déjà ça ne serait nullement un permis de tuer, [...] et qu’elles ne sont pas vérifiées de manière indépendante ». Pour RSF, l’armée israélienne a mis en place un motif très clair qu’elle utilise à répétition, débutant par une campagne de dénigrement contre un journaliste, suivie d’une frappe ciblée et revendiquée, justifiée ensuite par des preuves qui ne sont pas vérifiées. « Si rien n'est fait, l'armée israélienne a le champ libre pour continuer ce scénario. »
Si rien n'est fait, l'armée israélienne a le champ libre pour continuer ce scénario.
Derrière ces frappes, Martin Roux dénonce une volonté de faire taire les journalistes professionnels de la bande de Gaza qui permettent aux médias internationaux de pouvoir informer la population mondiale sur ce qui se passe à Gaza.


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