Depuis la mort du pape François ce lundi 21 avril, les hommages affluent du monde entier de la part de toutes les religions. Pendant ses 12 années de pontificat, le pape a toujours œuvré en faveur du dialogue interconfessionnel, interne au christianisme, mais aussi à un rapprochement avec les autres religions.
Le dialogue interreligieux a été au centre du pontificat du pape François. Depuis son décès, les représentants des autres grandes religions monothéistes lui rendent hommage et témoignent de sa grande humilité.
Dès son intronisation comme pape, François a eu la volonté de construire une cohésion entre les religions. “Il n'a cessé de recevoir au Vatican des responsables religieux de toutes les religions, y compris parfois des mouvements sectaires ou associés. Mais il a toujours eu cette option de n'exclure personne, et d'accueillir, ce qu’il ne veut pas dire qu’il était d’accord avec les gens. Il a vraiment été l'homme qui est allé à la rencontre de tous à la manière du Christ”, explique le père Christian Delorme, délégué épiscopal aux relations interreligieuses au diocèse de Lyon.
Il a vraiment été l'homme qui est allé à la rencontre de tous à la manière du Christ
Ce dialogue interreligieux s’appuie notamment sur les points communs entre les religions. “Je crois qu’il a pu montrer qu’étant tous enfants d’Abraham, ce que nous avons en commun est bien plus grand que ce qui distingue tel ou tel. Il nous faisait bien comprendre et intégrer le fait que nous avions le même Dieu”, précise Sadek Beloucif, président de l’association L’Islam au XXIe siècle, également Chef du service d’anesthésie-réanimation à l’hôpital Avicenne.
Le 4 février 2019, il signe le document sur la fraternité humaine pour la paix dans le monde et la coexistence commune aussi appelé déclaration d’Abou Dhabi, avec une autorité musulmane, le grand imam, le recteur de l'Université Al-Azhar du Caire, Ahmed el-Tayeb. Une collaboration qui se créait dans un contexte de préoccupations, des chrétiens et des musulmans, face aux guerres et au terrorisme. Selon le père Delorme, “le pape se met à égalité, avec Ahmed el-Tayeb, ce sont deux frères qui s'inquiètent de l'évolution du monde, et qui veulent avoir une parole commune”. Un acte fort qui insiste sur le dialogue et l'égalité des droits, condamnant toute forme de violence religieuse ou de discriminations.
Il est à la fois moteur, acteur et il participe
Le pape François a aussi eu un rôle moteur dans le dialogue entre chrétiens et juifs. En 2016, il se rend à la synagogue de Rome et réaffirme les racines juives du christianisme, 50 ans après la déclaration de Nostra aetate, sur les relations de l'Église catholique avec les religions non chrétiennes. “Il a toujours gardé cette permanence du dialogue avec le judaïsme, d'ailleurs, on a pu le voir dans son dernier discours, dans lequel il a rappelé l'ineptie, l'horreur de l'antisémitisme dans le monde. Donc, on voit qu'il est à la fois moteur, acteur et il participe”, exprime Haïm Korsia, Grand Rabbin de France.
Avec une grande humilité, le pape François s'est engagé pour les plus démunis. Pour Haïm Korsia, “il laissera une trace dans l’histoire de la papauté. Parce qu’il a été capable de s’occuper de ceux qui ne font pas le cœur de cible, mais qui sont au fond le cœur de cible. Si vous vous occupez de ceux qui sont loin, comme le dit bien le prophète Isaïe : “la paix, la paix, oui pour les lointains et pour les proches”. Je crois qu'il a essayé de faire de tous les lointains des proches”. Pendant le conflit israëlo-palestinien, le souverain pontife a alerté sur le climat d’antisémitisme, mais aussi sur la situation humanitaire dramatique à Gaza. Chaque soir, il a appelé les Chrétiens d’Orient pour prendre de leurs nouvelles. De plus, les responsables de la fondation Caritas à Gaza rapportent que le pape leur disait : “N’ayez pas peur, vous êtes dans mon cœur, vous êtes dans mes prières, je suis avec vous, je resterai avec vous. Priez pour moi, comme je prie pour vous”.
Faire de tous les lointains des proches
Le pape François a toujours suivi la même ligne directrice, celle du respect des différences. Lui-même fils d’immigré italien d’Amérique Latine, connaît l’histoire migratoire. Dans son pontificat, il donne une attention particulière aux migrants du monde entier. “Là où il a été un prophète, j'ose dire, c'est sur le sort des migrants qui sont aujourd'hui jetés par millions sur les routes du monde, à travers les montagnes, les mers, les déserts. Et vraiment, il aura été le pape des migrants. J'espère que son successeur sera une sorte de François 2, si j'ose dire, et qu’il aura le même souci”, explique le père Christian Delorme.
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