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François de Brigode, la passion de l’image et des mots

François de Brigode, la passion de l’image et des mots

Un article rédigé par Théo Leunens - RCF Namur, le 8 octobre 2025 - Modifié le 9 octobre 2025

Du journal parlé à l’art photographique, le visage familier de la RTBF se confie sur son parcours, son lien viscéral avec Charleroi et sa vision lucide mais optimiste du monde.

©RCF Sud Belgique©RCF Sud Belgique

François de Brigode a grandi à Charleroi, une ville qu’il décrit avec tendresse. Il garde en mémoire la grande générosité des Carolos, une générosité née des blessures de l’histoire industrielle : la fermeture des charbonnages, la sidérurgie déclinante, les catastrophes minières.
Aujourd’hui, il voit dans sa ville natale un territoire en plein redéploiement, aussi bien économique que culturel. Charleroi se transforme, et cette métamorphose le touche.

« Ce que je retiens surtout, c’est la facilité avec laquelle les gens de tous milieux se côtoient », confie-t-il. Dans son enfance à l’athénée de Châtelet, il a vécu ce mélange social qui l’a profondément marqué : fils d’une famille aisée, il partageait les bancs de l’école avec des enfants d’ouvriers et de mineurs. Une leçon d’humanité qui, dit-il, « a façonné sa manière de regarder le monde ».

Le journalisme par les sillons de l’agriculture

Très jeune, François de Brigode découvre la magie du son. La télévision arrive tard dans la famille, alors la radio devient son univers. Il écoute en cachette, fasciné par les voix qui racontent le monde. Son père, passionné de photographie, lui transmet quant à lui le regard sur l’image, celui qui cherche la lumière juste et le sens caché derrière chaque scène.

Il se décrit comme « quelqu’un d’éclectique », un trait de caractère qui, selon lui, a nourri son métier de journaliste. L’école, il l’aimait non pas pour les notes « je n’étais pas un bon élève », reconnaît-il, mais pour les gens et les professeurs. Deux enseignants de français ont repéré très tôt le potentiel de communication de sa classe. Beaucoup de ses camarades deviendront d’ailleurs journalistes, comme lui.

À 12 ou 13 ans, il s’imagine un temps agriculteur. Une idée vite dissipée après deux mois passés à travailler dans une ferme. Mais cette expérience va paradoxalement le conduire vers le journalisme : il découvre alors Le Sillon belge, un hebdomadaire agricole. C’est en lisant ces pages qu’il comprend qu’il veut raconter le réel, interroger les gens, comprendre les mécanismes du monde.

Le chemin peut paraître étonnant, mais je suis arrivé au journalisme via l’agriculture

Ce goût pour les récits de terrain ne le quittera plus.

La voix du 19h30

Étudiant en journalisme à l’ULB, il entre à la RTBF de Charleroi en stage.  Il y touche à tout : radio, télévision, reportage. Plus tard, après son diplôme et un bref passage à RTL-TVI, il revient à la RTBF pour s’ancrer durablement dans la maison publique. Il couvre alors tous les registres de l’information : politique, économie, faits divers avec un respect particulier pour ce dernier domaine :

Couvrir l’incendie au coin de la rue n’est pas très important, mais comprendre ce qui se cache derrière l’incendie, ça l’est. 

Cette philosophie journalistique, chercher le sens derrière les apparences, l’a guidé tout au long de sa carrière.

C'est don en 1985, qu'il entre officiellement à la RTBF. Plus tard, pendant 27 ans, François de Brigode deviendra le visage du JT télévisé. Une position prestigieuse, mais exposée.

C’est un poste valorisant, mais on peut aussi en prendre plein la gueule

Être la figure visible d’un média, c’est aussi encaisser les critiques, parfois injustes.

Toujours sur le qui-vive, il décrit la vie d’un présentateur comme un engagement 24 heures sur 24 : lecture, veille, réflexion sur les sujets à venir. Quand il décide de se retirer du JT, ce n’est pas pour fuir la pression, mais pour prendre le temps de faire autre chose, sans pour autant quitter la RTBF.

François de Brigode observe avec lucidité l’évolution du journalisme. Aujourd’hui, dit-il, les jeunes journalistes subissent une pression accrue : « On leur en demande toujours plus, souvent au détriment de la qualité. » Les raisons sont économiques, bien sûr, mais il note aussi les progrès techniques : les outils numériques permettent des productions de grande qualité.
Le revers de la médaille ? La précarité. Les contrats courts, l’incertitude permanente. « C’est la grande difficulté du métier aujourd’hui », déplore-t-il.

La photographie, un autre langage

Si le journalisme est pour lui une passion, la photographie en est une autre plus intime, plus silencieuse. Il la pratique de manière artistique et engagée.
Pour lui, une image n’est jamais une capture : « Une photo, on ne la prend pas, on la donne. » 

Il souhaite que ses images provoquent une réflexion, que l’interprétation vienne du regardeur. Cette démarche traduit sa fidélité à une idée centrale : comprendre, questionner, donner à voir autrement

Croire encore en l’avenir

Quand on lui demande en quoi il croit, François de Brigode ne doute pas : « En l’avenir positif du monde. » Il lutte contre le cynisme, refuse la résignation.
« La pire des choses, c’est de se laisser abattre », dit-il. Même si la vie est chaotique, il reste convaincu que l’humanité finira toujours par trouver un équilibre. Et de conclure, avec un sourire empreint de son humour carolo :

La vie, ce sont des montagnes russes… mais comme on dit à Charleroi : ça va d’aller ! 

Image d'illustration © Pixabay -  Logo du vent dans les voiles © RCF Sud Belgique
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Du vent dans les voiles
Image d'illustration © Pixabay -  Logo du vent dans les voiles © RCF Sud Belgique
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