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Francofolies. 3 questions sur le Chantier des Francos avec son coordinateur artistique, Marc Mottin

Francofolies. 3 questions sur le Chantier des Francos avec son coordinateur artistique, Marc Mottin

Un article rédigé par Tanguy Sanlaville - RCF Charente-Maritime, le 12 juillet 2025 - Modifié le 12 juillet 2025

Depuis 25 ans, le Chantier des Francofolies accompagne des artistes émergents. Cette année encore, la concurrence fut rude. On revient sur les critères de sélection et l'intérêt pour les artistes de cet accompagnement avec Marc Mottin, coordinateur artistique et pédagogique du Chantier. 

Marc Mottin est le coordinateur artistique et pédagogique du Chantier des Francos depuis 2024. ©RCF17Marc Mottin est le coordinateur artistique et pédagogique du Chantier des Francos depuis 2024. ©RCF17

On ne présente plus le Chantier des Francofolies aux Rochelais. Véritable pilier du festival avec 27 ans d'existence, ce vivier de talents a notamment vu passer parmi les artistes accompagnés Zaho de Sagazan, Pomme, Juliette Armanet, Bigflo & Oli, Ben Mazué et bien d'autres.  Cette année encore, de nombreux artistes ont toqué à la porte, avec plus de 600 candidatures pour une sélection de 15 artistes. Depuis un an et demi, Marc Mottin occupe le rôle de coordinateur artistique et pédagogique du Chantier. Il revient pour nous sur l'intérêt de la structure pour les artistes et le travail mené à leurs côtés. 

RCF : En quoi consiste le poste de coordinateur artistique et pédagogique ? 

Marc Mottin : De manière simple, il y a une première phase du travail : la sélection des artistes qui sont amenés ensuite à faire le Chantier. Je ne suis pas tout seul, on a constitué un comité de repérage de sept personnes avec des membres permanents et on fait appel à des ressources extérieures - directeurs artistiques, managers, artistes passés par le Chantier - pour constituer ce comité afin d'étudier les candidatures et ensuite aller voir les artistes en concert. A un moment donné, on se dit : "cela va être ça, la liste des artistes du Chantier 2026". 

La deuxième étape, c'est le travail d'accompagnement des artistes : constituer l'équipe de contributeurs, qui vont se mettre au service des artistes et apporter leur savoir-faire et leur expérience. Et donc essayer de tirer une ligne pour définir ce qu'on est venus travailler, réfléchir à la manière de le travailler et apporter des réponses aux problématiques des artistes. 

RCF : Est-ce qu'il y a des critères qui sont établis avant ou est-ce une question de feeling, voire de coup de cœur ? 

On n'a pas vraiment de critères pré-définis. On nous pose souvent des questions là-dessus. Est-ce qu'il faut chanter en français ? Ce n'est pas une condition sine qua non. L'âge : j'ai passé la trentaine, est-ce un problème ? Ce n'est pas un problème. J'ai déjà sorti un projet, ou je n'en ai jamais sorti, est-ce un problème ? Non, ce n'est pas un problème. J'ai un entourage, je n'en ai pas, est-ce un souci ? Les deux sont okay. 

Ce qui nous intéresse, c'est de comprendre la démarche artistique de l'artiste et de s'assurer que lui avait bien compris ce qu'on fait aux Francofolies. Ensuite, on se rencontre. Il y a forcément une part de subjectivité, mais c'est pour cela qu'on a un comité de repérage qui représente des esthétiques différentes. Cette année, on a un profil afro comme Kulturr et un projet 100% chanson française comme Alma Rechtman, donc on essaie de brasser toutes les esthétiques.

RCF : Par la suite, en quoi consiste l'accompagnement en lui-même ? C'est six mois de travail ?

Tu n'es pas très loin, puisqu'en ligne de mire, nous avons le festival qui arrive au mois de juillet. Lorsque les artistes s'inscrivent, les Francofolies ce n'est pas l'objectif, c'est la récompense ! C'est un truc auquel on est très attentifs.

Il y a un format à la carte, où on accueille les artistes par groupes de trois à La Rochelle pour travailler la scène avec des contributeurs dédiés. Cela dure cinq jours et, à l'issue de cela, on fait un concert de restitution, le jeudi pour les entreprises partenaires et le vendredi ouvert au public et capté pour France 3. L'idée, c'est de partir des problématiques soulevées par les artistes. ll y a un deuxième format, les temps forts collectifs : on réunit toute la promotion de l'année en cours pour créer un esprit d'équipe et, selon les années, on va choisir des axes de travail. Cette année, c'était le passage du studio à la scène. On a fait aussi un temps de travail avec la SACEM pour leur expliquer ce que c'était et à quoi cela leur sert.

Un troisième temps, qui est très important pour moi, c'est deux mois avant le festival. On les réunit tous ensemble avec une double thématique : une partie en route pour le festival, car pour beaucoup d'entre eux, ils n'ont jamais mis les pieds dans un gros festival, et l'autre partie, c'est questionner le rôle sociétal et social de l'artiste. Je ne parle pas de politique ! Des artistes vont travailler dans les EHPAD, dans les centres sociaux, chez les mineurs isolés, dans des hôpitaux, parce qu'ils ont envie de cela, ils ont envie de partager avec ces gens. Cette année, c'est le travail qu'on a fait avec le Secours Populaire et la Sirène.

On a fait une journée de commémoration de l'esclavage, c'est aussi une manière indirecte d'aborder les questions de racisme dans l'industrie, de minorités, et de se souvenir. La mémoire est importante chez nous, c'est l'essence même des Francofolies ! On a aussi fait un travail sur les questions de santé mentale. On travaille sur tous ces sujets dans l'objectif de se retrouver dans les meilleures dispositions quand ils arrivent ici : qu'ils se sentent accueillis, qu'ils se sentent chez eux. 

Quelle émotion ressent Marc Mottin quand un talent du Chantier monte sur scène ? Ecoutez sa réponse.
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