Fondacio célèbre ses 50 ans : entre reconstruction et espérance
Si 2025 est une année jubilaire pour l’Église catholique, c’est aussi un anniversaire marquant pour Fondacio, la communauté chrétienne à vocation œcuménique fête ses 50 ans d’existence. Pour évoquer ce demi-siècle d’histoire, Jean-Pierre Bouty et Hélène Princet, membres engagés de la communauté, étaient les invités de l’émission.
La communauté s’est d’abord appelée « L’Aventure », puis « Communauté Chrétienne de Formation », avant de devenir Fondacio. Très vite, elle a rassemblé de nombreux membres, notamment à Poitiers, où l’on comptait déjà 250 membres après quelques années d’existence.Fondacio trouve ses racines en 1974, en pleine effervescence du renouveau charismatique. À l’origine, un petit groupe de jeunes guidés par Jean-Michel Rousseau et son épouse Jane, désireux de donner leur vie à Dieu. Dès le départ, l’intuition fondatrice s’est centrée sur l’accompagnement spirituel et la formation humaine, avec des références solides comme le père André Rochais pour l’intelligence relationnelle ou la Fraternité de la Roche d’Or pour l’ancrage spirituel. La communauté s’est d’abord appelée « L’Aventure », puis « Communauté Chrétienne de Formation », avant de devenir Fondacio. Très vite, elle a rassemblé de nombreux membres, notamment à Poitiers, où l’on comptait déjà 250 membres après quelques années d’existence.
Une croissance rapide, puis une crise majeure
Dans les années 80, Fondacio connaît une expansion rapide, touchant des publics variés : jeunes, dirigeants, familles, paroissiens… Mais en 1991, la communauté est frappée de plein fouet par un scandale : son fondateur, Jean-Michel Rousseau, est contraint de démissionner suite à la révélation d’abus sexuels et d’un phénomène d’emprise dans le cadre d’accompagnements spirituels. C’est un séisme interne. De nombreuses personnes engagées à plein temps quittent la communauté. L’Église catholique intervient alors pour accompagner une relecture en profondeur de l’histoire de Fondacio, de ses fondements comme de ses dérives. Ce processus de discernement mène à une reconnaissance officielle par l’Église : d’abord au niveau diocésain en 1995, puis en tant qu’association de droit pontifical en 2008. Dans une démarche de transparence, Fondacio a adhéré en 2022 à la Commission de reconnaissance et de réparation, et a lancé en 2024 une commission d’étude indépendante sur les abus au sein de la communauté. Le rapport de cette commission est attendu pour juin 2026 et sera rendu public. Pour Jean-Pierre et Hélène, ce travail de vérité est essentiel : « La vérité rend libre. » Il est destiné en premier lieu aux victimes, mais aussi à l’ensemble de la communauté, pour construire un avenir plus juste, enraciné dans l’humilité et l’écoute.
Des missions tournées vers tous les publics
Aujourd’hui, Fondacio continue de proposer des actions variées : sessions pour jeunes et familles, accompagnement de seniors, soutien aux couples, initiatives auprès des plus précaires… Chaque région développe ses propositions selon les besoins locaux. L’été, des sessions spécifiques sont organisées, comme celle du week-end du 14 juillet 2025 pour les couples, ou encore les rendez-vous à la Chartreuse, « format court, mais puissant », comme le souligne Hélène. Un des événements phares de ce jubilé est le Festival des Vivants, organisé à Angers pendant le week-end de l’Ascension. Trois jours ouverts à tous, même aux non-membres, centrés sur l’écologie intégrale, avec des conférences, ateliers, expérimentations et créations autour de la question : « Quel monde voulons-nous, et comment pouvons-nous y contribuer ? » Fondacio est désormais propriétaire du Tiers-lieu de L'Esvières, un ancien site franciscain de quatre hectares en plein cœur d’Angers, en face du château. Ce lieu est aujourd’hui un centre névralgique de la communauté. On y trouve notamment l’école IFF Europe, rattachée à l’Université catholique de l’Ouest, qui propose à des jeunes de 18 à 25 ans une année de discernement personnel et professionnel. Une expérience transformatrice selon Hélène, dont deux de ses enfants ont suivi le programme.
Une foi vivante, partagée, incarnée
Au fil des années, Jean-Pierre et Hélène ont trouvé dans Fondacio un espace de croissance personnelle et spirituelle, une communauté où la foi se vit dans la simplicité et la fraternité. « Un chrétien seul est un chrétien en perdition », rappelle Jean-Pierre. Pour lui, comme pour beaucoup, Fondacio est un lieu pour « se ressourcer, grandir, et à son tour transmettre. » Et si la croix dans le logo est discrète, elle est bien présente, signe d’un engagement chrétien assumé, mais jamais imposé. Comme l’explique Hélène : « On ne parle pas toujours de Dieu explicitement, mais des personnes nous disent en repartant : Vous m’avez redonné envie d’aller à l’Église. »
Un demi-siècle d’existence, fait de joies, de blessures, de remises en question et de renaissances. Fondacio poursuit sa mission, humblement, mais résolument tournée vers l’avenir.


Chaque jour de la semaine, un sujet d’actu avec un invité interviewé par chaque radio RCF de Nouvelle Aquitaine.
