Fin de vie : qu’est-ce que "le secourisme à l’envers" ?
L’avant-projet de loi provisoire sur la fin de vie mentionne, dans le volet de l’aide à mourir, un nouveau concept en cas d’incident : le "secourisme inversé", pour hâter le décès. L’idée est considérée comme une inversion de la mission de soin par certains soignants.
Un soignant et un patient à l'hôpital gériatrique Saint Camille de Bry sur Marne. Crédit photo : Aline Morcillo/Hans LucasLe concept de « secourisme à l’envers » expliqué dans l’avant-projet de loi sur la fin de vie a fait bondir le Dr Claire Fourcade, présidente de la société française d’accompagnement et de soins palliatifs. « Je ne sais pas qui a pensé qu’un soignant pourrait avoir envie de faire du secourisme à l’envers. C’est surréaliste ».
Aide à mourir
L’avant-projet de loi comporte trois volets dont l’un concerne une aide à mourir. Concrètement, le texte, dévoilé ce jeudi par le Figaro, prévoit qu’un soignant soit présent à chaque étape du processus, notamment lors de « l’administration d’une substance létale » effectuée « par la personne elle-même ».
Hâter le décès en cas d'incident
Mais « un médecin, ou un infirmier » sera obligatoirement présent pour intervenir lorsque le patient « n’est pas en mesure physiquement d’y procéder » précise le texte. Ce serait aussi le cas si un incident intervient lors de l’administration du produit afin de « hâter le décès en limitant les souffrances ». L’avant-projet de loi évoque ainsi un « secourisme à l’envers. »
En clair, il s’agirait pour nous soignants, c’est d’être dans la pièce à côté pour venir achever un patient. C’est la médecine à l’envers et tout l’inverse de la société dans laquelle je veux vivre, s’indigne le Dr Claire Fourcade.
Ligne rouge
L’imbrication des soignants dans l’aide à mourir était déjà la principale ligne rouge du Conseil national de l’Ordre des médecins et du collectif de treize organisations représentant 800 000 soignants. « C’est une euthanasie déguisée » dénonce sur RCF Claire Fourcade.
La loi présentée en février 2024
Une clause de conscience pour les professionnels de santé est néanmoins prévue dans le texte. L’avant-projet de loi n’est encore qu’une version provisoire. La présentation en Conseil des ministres a été reportée en février 2024.



