Fin de vie : « les soignants n’ont pas été écoutés » critique le Dr Claire Fourcade
Les grandes lignes de l’avant-projet de loi sur la fin de vie ont fuité dans le Figaro ce jeudi. Ce document de travail franchit « un certain nombre de lignes rouges » estime le Dr Claire Fourcade, présidente de la société française d’accompagnement et de soins palliatifs.
Peut-on parler d'euthanasie déguisée?
Le texte de l’avant-projet de loi sur la fin de vie dévoilé par le Figaro ce jeudi comporte trois volets : les soins d’accompagnement, les droits des patients et l’aide à mourir. S’il n’y a aucune mention du mot euthanasie et de suicide assisté, ce troisième volet est, à ce stade, « inquiétant » souligne Claire Fourcade présidente de la société française d’accompagnement et de soins palliatifs sur RCF.
Nous avons l’impression de n’avoir absolument pas été entendus. C’est de l’inquiétude pour l’accompagnement des patients. Il était important de protéger cette relation de soin entre le patient et le-soignant. Or nous sommes impliqué dans le processus à toutes les étapes, c’est une euthanasie déguisée.
Un avant-projet de loi qui implique les soignants
L’aide à mourir pourrait avoir lieu au domicile ou ailleurs, selon les souhaits du malade. Elle consisterait « en l’administration d’une substance létale » effectuée « par la personne elle-même ». Mais « un médecin, ou un infirmier » sera obligatoirement présent et pourrait intervenir lorsque le patient « n’est pas en mesure physiquement d’y procéder », indique le document consulté par le Figaro.
Un point de blocage rencontré
C’est le principal point de blocage pour le Conseil national de l’Ordre des médecins et le collectif de treize organisations représentant 800 000 soignants. Une autre possibilité évoquée dans l’avant-projet suggère que ce rôle puisse être endossé par un proche. « Il faut être vigilant, on ne mesure pas l’impact psychologique que cela peut avoir pour les proches concernés » relève Claire Fourcade.
L'apparition d'une potentielle "clause de conscience"
Le nouveau concept du « secourisme inversé », pour pouvoir intervenir en cas de problème lors de l’aide à mourir, est aussi considéré comme une inversion de la mission de soin par de nombreux soignants. Une clause de conscience pour les professionnels de santé est néanmoins prévue.
Une loi présentée devant le Conseil des ministres en février 2024
L’aide à mourir serait réservée aux Français majeurs, atteints d’une affection grave et incurable qui engage le pronostic vital à court ou moyen terme ou présentant une souffrance physique réfractaire ou insupportable. L’avant-projet de loi n’est toutefois qu’une version provisoire. La présentation de la future loi a été reportée en février 2024.
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