Feux de forêts : la lutte passe par les sapeurs pompiers volontaires
En France, la majorité des sapeurs pompiers sont des volontaires. Ils cumulent travail, vie de famille et interventions parfois éprouvantes comme sur les feux de forêts de l’été. À l’heure où ces incendies gagnent en ampleur avec le dérèglement climatique des questions se posent sur les moyens disponibles et l’avenir des volontaires.
Des sapeurs pompiers volontaires et professionnels dans les Bouches du Rhône. Guillaume Pinon/Hans LucasPlus de 20 000 hectares sont déjà partis en fumée depuis le début de l’été. Les récents incendies dans l’Aude, près de Narbonne ou à Marseille montrent les limites des moyens aériens. L’Etat peine à renouveler la flotte des douze Canadairs pourtant indispensables. “Très clairement, nous n’avons pas assez de bombardiers d’eau”, constate Bruno Ménard, secrétaire général du Syndicat des sapeurs-pompiers volontaires de France. L’Etat peine à renouveler la flotte vieillissante des Canadairs pourtant indispensables.
Une pénurie de Canadairs
En 2022, après les méga-incendies en Gironde, Emmanuel Macron avait promis de renouveler tous les Canadairs et d'en acheter quatre de plus d'ici la fin du quinquennat. La promesse ne sera pas tenue. Il a fallu relancer les chaînes de fabrication. “Il n’y a qu’un seul constructeur au Canada. L’usine était fermée et aujourd’hui, avec le carnet de commande en cours, les premiers appareils commandés par la France n’arriveront pas avant 2029-2030” estime Bruno Ménard. Il n’y a pas eu d’autres commandes, dénonce un rapport parlementaire publié début juillet.
Dans l’avenir risque-t-on aussi de manquer de pompiers ?
“80 % des effectifs en France sont des volontaires. 15 % sont des professionnels et 5 % sont des militaires, des sapeurs-sauveteurs de la Sécurité civile, des marins-pompiers ou de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris”, rappelle Bruno Ménard, secrétaire général du Syndicat des sapeurs-pompiers volontaires de France. “Ces hommes et ces femmes cumulent un emploi et une vie de famille avec un engagement citoyen exigeant physiquement”.
Des volontaires indispensables mais fragilisés
Or cet engagement est mis à rude épreuve par la multiplication des interventions. “Cela augmente au fur et à mesure des années”, déplore Bruno Ménard. Et la fatigue est déjà au rendez-vous “La saison des feux ne fait que débuter, elle est encore longue”, rappelle-t-il. Un autre obstacle grandit, la réticence des employeurs à libérer leurs salariés pour des interventions. “Ils ne veulent pas qu’on soit sapeur-pompier par peur qu’on se blesse ou qu’on ne soit plus opérationnel pour le travail”, explique le secrétaire général du SNSPV. Les petites entreprises notamment peinent à gérer l’absence et le retour de pompiers épuisés ou blessés.
Le nombre de volontaires stagne
Le ministère de l’Intérieur chiffrait à 200 000 le nombre de sapeurs-pompiers volontaires en 2023. “Ce sont des chiffres théoriques, sur le terrain, les syndicats professionnels parlent plutôt de 176 000 volontaires”, précise Bruno Ménard. Il faut ajouter à un nombre de volontaires sans activité opérationnelle réelle. Cette fragilité inquiète, dans un contexte où le réchauffement climatique accentue la fréquence et l’intensité des incendies et où les pompiers doivent aussi effectuer d’autres missions. “C’est déjà une réalité aujourd’hui" alerte Bruno Ménard. “Dans certains départements comme le Maine-et-Loire ou la Vendée, il arrive que seuls trois fourgons soient disponibles pour couvrir un vaste territoire”. Face à cette situation, le secrétaire général appelle à la prudence. “Pas de barbecue, pas d’étincelle, n’appelez pas les pompiers pour rien. Moins vous appellerez pour des petits bobos, plus ça nous permettra de nous concentrer sur de véritables urgences.”


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