Accueil
Femmes et politique : comment atteindre la parité lors des municipales dans les petites communes ?

Femmes et politique : comment atteindre la parité lors des municipales dans les petites communes ?

Un article rédigé par Aurélien Vurli - RCF Hauts de France, le 4 décembre 2025 - Modifié le 4 décembre 2025
Le journal régional • Hauts de FranceLa parité hommes femmes dans les petites communes : c'est possible - 7h

Lors des prochaines élections municipales en mars prochain, toutes les listes devront être paritaires, quelle que soit la taille de la commune. La dérogation qui permettait aux communes de moins de 1 000 habitants d’échapper à cette règle disparaît. Une évolution qui fait grincer des dents dans les mairies rurales. Pour Blandine Drain, vice-présidente du Conseil départemental du Pas-de-Calais, ce n'est pas une fatalité. Elle organise un évènement ce samedi 6 décembre pour favoriser l'engagement des femmes pour les municipales. 

Mairie de Bourthes, commune dans laquelle se tient ce samedi 6 décembre une réunion publique pour favoriser l'engagement des femmes en politique ©WikicommunsMairie de Bourthes, commune dans laquelle se tient ce samedi 6 décembre une réunion publique pour favoriser l'engagement des femmes en politique ©Wikicommuns

Les maires de petites communes affirment que composer une liste paritaire sera difficile. Pourtant, en 2025, cela peut sembler évident… mais la réalité est plus complexe.

C’est pourquoi l’association Elles Aussi et le Réseau des Femmes élues du Pas-de-Calais organisent une réunion publique ce samedi 6 décembre 2025 à Bourthes, en présence d’Hervé Deroubaix, président de l’Association des maires ruraux du Pas-de-Calais. Un rendez-vous pensé pour accompagner les communes dans cette transition imposée par la réforme

« Le premier obstacle, c’est qu’on ne pense pas toujours aux femmes »

Pour Blandine Drain, le problème n’est pas d’abord un manque de candidates : « Le premier obstacle à l’engagement des femmes, c’est qu’on ne pense pas toujours à elles. Il y a 37 % de femmes dans les conseils municipaux de moins de 1 000 habitants. On reste sur l’héritage de la culture du patriarcat : on ne va pas forcément chercher les femmes. »

Elle insiste : l’engagement féminin ne manque pas, mais il est rarement sollicité. 

Ce n’est pas forcément les femmes qui ne veulent pas y aller. C’est aussi le fait que les hommes ne vont pas chercher les femmes dans les petites communes. Les femmes n’osent pas y aller. Comme elles ne sont pas très nombreuses, elles osent encore moins y aller. Il y aura moins d’obstacles quand la moitié du conseil sera composée de femmes. 

Au-delà du contexte local, plusieurs travaux de recherche confirment ces obstacles structurels. Selon la chercheuse Semra Sevi, trois facteurs expliquent la sous-représentation persistante des femmes : la présence de préjugés sexistes, un manque d’intérêt ou d’autocensure lié à la perception qu’elles ont de la politique, et une tendance des partis ou des responsables locaux à privilégier spontanément des candidats masculins. Des mécanismes bien documentés, qui montrent que la parité ne dépend pas seulement de la bonne volonté individuelle, mais aussi de pratiques encore profondément ancrées dans la vie politique.

L'écho des territoires · RCF en AuRAParité de liste : y aura-t-il davantage de femmes maires dans les villages ?

Convaincre les femmes de s’engager : « le temps, ça s’organise »

À l'Assemblée nationale, la parité a reculé depuis 2017. Et en France, seulement 20 % des maires sont des femmes. Pour inverser la tendance, il faut accompagner à la fois les élus et les candidates potentielles selon Blandine Drain. « Les maires sont désemparés. Ils ont besoin d’outils de communication pour savoir comment s’adresser aux femmes. »

Et pour les futures élues, le réseau prévoit un travail de pédagogie :

L’idée, c’est de leur présenter un guide pour le conseil municipal : savoir à quoi s’attendre. On veut leur montrer, par des témoignages, qu’il n’y a pas d’élue parfaite. Un engagement au sein de sa commune, ça se construit. Le temps, ça s’organise : on peut concilier vie professionnelle, personnelle et familiale. 

L'humeur politique de Dominique BreillatLa parité en politique. Quelle parité?

La loi peut changer les choses 

Certaines élues, comme Cécile Duflot, ont expliqué avoir avancé en politique grâce aux lois sur la parité. Blandine Drain en est également convaincue, et son propre parcours en témoigne : « J’ai été élue en 2015 au Conseil départemental du Pas-de-Calais parce que la loi l’imposait. Sinon, personne ne serait jamais venu me chercher. Moi-même, je n’aurais jamais pensé, comme maman de trois enfants, être conseillère départementale. »

Pour elle, imposer la parité est une nécessité :

On comprend les craintes des maires. C’est pour cela qu’on veut accompagner les maires qui cherchent des femmes dans les conseils municipaux, et les femmes qui envisagent de se présenter. 

Le journal régional - RCF Hauts de France
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Le journal régional • Hauts de France
Le journal régional - RCF Hauts de France
Découvrir cette émission
Cet article vous a plu ? Partagez-le :

Votre Radio vit grâce à vos dons

Nous sommes un média associatif et professionnel.
Pour préserver la qualité de nos programmes et notre indépendance, nous comptons sur la mobilisation  de tous nos auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

Faire un don
Qui sommes-nous ?

RCF est créée en 1982, à l'initiative de l'archevêque de Lyon, Monseigneur Decourtray, et du Père Emmanuel Payen. Dès l'origine, RCF porte l'ambition de diffuser un message d'espérance et de proposer au plus grand nombre une lecture chrétienne de la société et de l'actualité.

Forte de 600.000 auditeurs chaque jour, RCF compte désormais 64 radios locales et 270 fréquences en France et en Belgique. Ces 64 radios associatives reconnues d'intérêt général vivent essentiellement des dons de leurs auditeurs.

Information, culture, spiritualité, vie quotidienne : RCF propose un programme grand public, généraliste, de proximité.Le réseau RCF compte 300 salariés et 3.000 bénévoles.