Paris
Depuis son arrivée à la Maison-Blanche, Donald Trump fonce tout azimuts. Le président américain affirmait résorber en 24 heures la guerre en Ukraine. Il n'a pas réussi, mais il aimerait rencontrer très bientôt le président russe Vladimir Poutine. En réaction, se tient aujourd'hui à Paris une réunion de travail, le sommet pour l'Ukraine, avec un certain nombre de dirigeants européens. Un sommet d’autant plus important que le vice-président étasunien James David Vance s’est attaqué aux positions idéologiques des pays européens. Quand certains pays se rapprochent d’un schéma de pensée trumpiste, d’autres le fuient. Éclairages avec Frédéric Encel, docteur en géopolitique.
À Munich, le vice-président américain James David Vance assure que la plus grande menace planant sur le vieux continent n'est ni la Russie ni la Chine mais plutôt ”le renoncement à certaines de ses valeurs les plus fondamentales”. Les États-Unis affichent donc une différence marquée face aux pays européens, avec une ligne idéologique venue de l’évangélisme, à plus forte raison encore depuis la réélection de Donald Trump. Face à cela, l'Union Européenne apparaît comme divisée. Pour Frédéric Encel, docteur en géopolitique, il faut y voir un manque d’identité commune.
Pour Frédéric Encel, le réveil de l’Europe attendu par beaucoup face à la menace Trump n’est pas prêt de sonner. En cause selon lui, “une perception identitaire” qui n’a toujours pas été fixée. Si l’Europe a clairement des réussites sur les plans économique et scientifique, sa nature politique n’est toujours pas assez claire. “L'Europe a réellement abouti à quelque chose de très fort au regard de ses fondateurs, notamment via le traité de Rome de 1957. Maintenant le problème est le suivant : face aux défis posés par Poutine et même maintenant par Trump, est-ce que oui ou non, l'Europe sera suffisamment intégrée ou auto-intégrée pour elle aussi rejoindre le registre politique et par conséquent les questions stratégiques et militaires ?”
La question avait déjà été soulevée alors que la question d’une défense européenne commune s’était posée. Aujourd’hui, les politiques et les investissements de défense restent propres à chaque pays.
Pour l'heure, Frédéric Encel se montre pessimiste. À l’heure d’une montée du nationalisme et de l'euroscepticisme sur le vieux continent, l’idée d’une Europe unie est de moins en moins pertinente. Le docteur en géopolitique observe l'arrivée "d'affreux extrémistes arrivent au pouvoir" et s'appuie sur l'exemple de l'Italie. "Giorgia Meloni fut ce qu'on a appelé une néo-fasciste ou une néo-mussolinienne. Elle était violemment anti-américaine, et aujourd'hui elle fait très exactement le contraire".
Giorgia Meloni fut ce qu'on a appelé une néo-fasciste ou une néo-mussolinienne. Elle était violemment anti-américaine, et aujourd'hui elle fait très exactement le contraire.
Un cas loin d'être isolé. Les acteur européens ont pour l'instant tendance à privilégier leurs intérêts politiques et commerciaux. La France par exemple mise sur son inteliigence artificielle, sans y inclure ses collaborateurs européens. Pour Frédéric Encel, la conclusion est simple. “L'Europe n'existe pas sur le plan identitaire et si nous restons chacun dans "nos égoïsmes nationaux", et bien la question d’un réveil de l’Europe n'est plus pertinente.”
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