Face à "une guerre de territoire", Bruno Retailleau annonce des renforts à Clermont-Ferrand

"On est clairement dans une guerre de territoire", prévient le ministre de l'intérieur Bruno Retailleau, lors de sa visite à Clermont-Ferrand ce vendredi 5 septembre. Face à cette situation, 22 policiers sont annoncés en renfort dans le département. "Ces gens-là nous font la guerre, nous leur faisons la guerre, ils se font la guerre", ajoute le ministre, venu dans la capitale auvergnate après de nombreux épisodes de violence liés au narcotrafic et un bilan humain très lourd : 4 homicides et un blessé grave depuis le début de l'année.

Un effort conséquent compte tenu de la disette budgétaire

Le ministre de l'intérieur est venu annoncer des renforts dans le cadre d'une stratégie nouvelle, depuis la loi de juin dernier contre le narcotrafic. Une stratégie en trois points : le judiciaire pour démanteler les réseaux grâce aux investigations, la présence de forces de l'ordre sur la voie publique et l'administration pour traquer les trafiquants. 

Des moyens supplémentaires ont été annoncés : 

• 22 policiers supplémentaires dans le Puy-de-Dôme : 17 sont déjà arrivés, et 5 policiers dédiés à l'investigation vont suivre.
• L'aide de renforts nationaux pour épauler les enquêteurs en région.
• La présence à Clermont-Ferrand d'une unité de force mobile "le temps qu'il faudra"

D'autres mesures ont été présentées comme le renforcement de la "continuité de sécurité", c'est-à-dire les liens entre l'État et les collectivités territoriales, un soutien de 160 000 euros pour le déploiement de caméras à Clermont ou encore la création d'une brigade de gendarmerie mobile à Thiers en 2026. 

C'est le discours qu'on attendait 

Avant d'annoncer des renforts, Bruno Retailleau s'est rendu sur le point de deal de l'avenue Charras. "Le point de deal ne se réinstallera pas", a assuré le ministre de l'intérieur. La lutte contre le narcotrafic est complexe et va prendre un certain temps, mais "en quelques mois ici, on peut obtenir des résultats", assure le ministre. 

Quelques habitants du quartier de la gare sont venus à la rencontre de Bruno Retailleau. Ils semblent satisfaits du maintien d'une présence policière sur le point de deal de la Visitation. "C'est le discours qu'on attendait", lance ce riverain avec une nouvelle stratégie et des moyens supplémentaires. Un discours rassurant également pour cette habitante, qui espère de nouveau "vivre normalement et dormir sans peur". 

Pour lutter il n'y a qu'un seul moyen : la coopération générale

À l'issue de la venue du ministre, les élus locaux ont réagi. La députée La France Insoumise de la première circonscription du Puy-de-Dôme Marianne Maximi, s'exprime dans un communiqué, après la venue de Bruno Retailleau, "dans un quartier de ma circonscription, entièrement bouclé et désert, vidé des habitantes et habitants qui subissent le trafic au quotidien, à l’exception de quelques personnes triées sur le volet". Elle dénonce "la surenchère autoritaire" du ministre et une politique "ce qui se fait déjà et échoue déjà". 

De son côté, Olivier Bianchi, maire de Clermont-Ferrand, a réagi après une réunion de travail avec les autres élus et le ministre de l'intérieur. Il se félicite des renforts annoncés et assure "qu'il n'y a  qu'un seul moyen [pour réussir la lutte contre le narcotrafic] : la coopération générale". L'élu rappelle les actions mises en place par la municipalité : ouverture à venir d'un nouveau commissariat, 150 000 euros investis chaque année dans la vidéosurveillance et la perspective de 5 recrutements de policiers municipaux chaque année lors du prochain mandat. 

L'édile veut aussi s'attaquer aux consommateurs "qui ne sont pas tous des junkies cramés mais des gens insérés dans la société". Des mesures de santé publique sont également demandées, à l'image des "campagnes contre l'alcoolisme". Des mesures et une coopération nécessaire, selon Olivier Bianchi pour "espérer que Clermont retrouve dans les mois qui viennent, parce que ça ne se passera pas en quelques heures, la tranquillité qui était la nôtre".