Pourtant, quand on entend parler des élections européennes, on entend très peu parler d’Europe. Ce qui préoccupe, ce sont les calculs pour préparer les prochaines municipales ou la prochaine présidentielle, c’est comment récupérer la crise des Gilets jaunes ou la mobilisation des jeunes pour le climat pour tenter de grimper dans les sondages, ce sont les alliances stratégiques éventuelles (mais toujours sans parler du projet ni avec quels élus des autres pays d’Europe, les candidats français souhaiteraient travailler une fois élus).
Mais de projet européen, il n’en était toujours pas question jusqu’hier et le courrier d’Emmanuel Macron. Hélas, l’Europe n’est depuis longtemps qu’un tremplin pour faire une carrière politique nationale, elle sert de bouc émissaire pour expliquer les compromissions et les échecs français. On se souvient de la directive travel l’année dernière : une directive européenne protégeant les consommateurs et qui a été tellement mal retranscrite en droit français qu’elle a failli obliger les colonies de vacances et les camps scouts à avoir le même régime juridique que des entreprises de tourisme.
L’Europe, c’est ce que nous en faisons. L’Europe est à la hauteur des élus que nous y envoyons. Si l’Europe aujourd’hui ne semble s’occuper que de profit des entreprises et pas assez de justice ou de climat, c’est à cause des élus que les Français ont décidé d’y envoyer.
Une campagne électorale, c’est d’abord de la pédagogie, une période qui permet d’expliquer le fonctionnement des institutions et d’éclaircir les enjeux. Sans campagne électorale, les électeurs et électrices voteront uniquement en fonction du contexte national et encore une fois, le scrutin européen sera instrumentalisé. Les 18-35 ans sont à la fois ceux qui connaissent le moins le fonctionnement des institutions et qui ont déjà la plus grande défiance envers le personnel politique.
Or l’Europe, au-delà des aspects économiques sur lesquels on met les projecteurs, c’est Schuman et Adenauer, c’est la construction d’une paix universelle dont nous sommes les héritiers. Nous n’avons sans doute pas su faire vivre cet héritage pourtant indispensable à rappeler. Nous ne pouvons répondre aux défis mondiaux qui viennent qu’en travaillant ensemble. La lutte contre les dérèglements climatiques, lutte pour laquelle des milliers de jeunes se lèvent à travers le monde, ne pourra se mener que collectivement comme la protection des plus faibles contre les extrémismes. Nous avons besoin de la participation des jeunes au scrutin, nous avons besoin qu’ils s’expriment et qu’ils pèsent sur ce scrutin.
En 2015, 15.000 pionniers et caravelles, les 14-17 des scouts et guides de France avaient écrit la "résolution pour l’Europe de Demain", une résolution que 800 d’entre eux avaient amendée, débattue, votée lors d’une journée au parlement européen à Strasbourg, s’engageant à œuvrer chaque jour à la construction de l’Europe. Il y a 15 jours, des scouts et guides de toute l’Europe étaient réunis à Strasbourg et à Morbecque, dans le nord, pour se former et mobiliser la jeunesse, chacun dans son pays. Il y a toujours une vraie soif d’Europe et de fraternité parmi les jeunes. A nous de permettre à cette soif de s’exprimer et de se concrétiser.
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