Europe, projet économique ou politique ?

Moins 10% avec le Brexit, et une augmentation des contributions des Etats membres pour compenser ! Ce ne sera pas suffisant et il y aura des coupes dans les gros budgets, l’agriculture bien sûr, mais également les fonds de cohésion qui ne devraient pas être épargnés. Et ce sera un message politique fort. Davantage que la baisse attendue, ce sont les options retenues qui seront révélatrices des priorités politiques.

Pour rappel, les fonds de cohésion visent à réduire les écarts entre les régions européennes. C’est l'un des symboles de la solidarité entre les peuples. C'est pourquoi les débats ne sont pas uniquement budgétaires mais hautement politiques. Nous sommes toujours dans la phase de réponse au choc du Brexit et la définition ou plutôt la redéfinition du projet européen. Est-ce un projet économique ou est-ce un projet politique qui s’articule autour de valeurs, d’ambitions communes ? Ce prochain budget devra en partie aider à répondre à cette question existentielle.

Il faut rappeler le principe de la conditionnalité, le fait de lier la solidarité à travers les fonds européens au respect de règles notamment sur l’état de droit. La différence avec les derniers budgets pluriannuels est la montée du scepticisme mais aussi des gouvernements au comportement illibéral. Elus, ils essayent de limiter les contrepouvoirs, justice ou presse. Et comme le rappel Emmanuel Macron, l’Europe n’est pas un supermarché.

D’autant que la situation économique de ces Etats de l’est de l’Europe notamment est plutôt positive, et leur entrée dans l’Union européenne n’y est pas étrangère. Le taux de chômage en Pologne a été divisé par deux depuis 5 ans. En République tchèque, le salaire minimum a doublé en 10 ans. En Roumanie, la croissance est de quasiment 6%. Ceci souligne que la situation économique n’est pas liée à la critique européenne. C’est pourquoi, l’identité commune, les valeurs, nos préférences collectives pour la solidarité intergenerationnelle par exemple, la formation, la culture, ont autant de poids que la construction d’autoroutes soutenue par les fonds européens. Souhaitons que cela reste dans le prochain projet budgétaire.