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ÉTIENNE PÉPIN | La laïcité, une opportunité missionnaire ?

ÉTIENNE PÉPIN | La laïcité, une opportunité missionnaire ?

RCF, le 10 décembre 2025 - Modifié le 11 décembre 2025
Point de vueEtienne Pépin | La laïcité, une opportunité missionnaire ?

LE POINT DE VUE D'ÉTIENNE PÉPIN | L’anniversaire de la loi de séparation des Églises et de l’État et la publication d’une étude sur les catholiques pratiquants en France. La laïcité est-elle un outil missionnaire ? Vivons-nous un kairos, un moment favorable pour la mission ?

Étienne Pépin, rédacteur en chef Actualité RCF - Radio Notre-Dame ©RCF - Radio Notre-DameÉtienne Pépin, rédacteur en chef Actualité RCF - Radio Notre-Dame ©RCF - Radio Notre-Dame

Deux actualités concomitantes m'interpellent ce matin : l'anniversaire de la loi de séparation des Églises et de l'État, promulguée le 9 décembre 1905 et la publication lundi d’une étude sur les catholiques pratiquants en France. Serait-ce un kairos missionnaire ?

L’enquête Ifop publié par le journal La Croix révèle - et ce n’est pas une surprise - que le catholicisme n’est plus majoritaire. 6,3 millions de Français sont des catholiques engagés. Cela représente 12 % de la population adulte. Parmi eux, 2,9 millions sont des pratiquants réguliers et vont à la messe au moins une fois par mois. Ceux-là prient souvent, récitent le chapelet, se confessent régulièrement et participent à des temps d’adoration. Ils sont engagés sur les positions du magistère de l’Église sur les questions de société. 

Ce que l’on observe aussi, c’est que ce catholicisme minoritaire est missionnaire. Depuis quelques années, le nombre de demandes de baptême explose, les rassemblements et pèlerinages font le plein et donnent à voir le renouveau de l’Église. Mais cela ne rattrape pas quantitativement le catholicisme du XXe siècle. À la fin des années 50, 90% des enfants étaient baptisés moins de trois mois après leur naissance.

C’est une époque révolue, la loi de séparation des Églises et de l'État est passée par là et avec elle la sécularisation de la société française. La minorisation des religions, la perte d’influence des autorités religieuses a selon moi provoqué un sursaut, un réveil, un enthousiasme dans l’Église. 

Je m’explique… Autrefois, quand "tout le monde" allait à la messe, les catholiques fervents et engagés représentaient peut-être 20% des effectifs. Maintenant, à la messe, par effet de concentration des effectifs vous avez 80% de catholiques engagés. Cela génère une grande ferveur. Le sociologue Yann Raison du Cleuziou explique "qu’il y a une forme d'intensification convictionnelle qui est vécue à l'intérieur de l'Église, comme une sortie de crise, mais en fait qui est un effet de la crise. Ce qui fait que les catholiques qui restent le sont profondément, pas par culture massive comme autrefois mais par conviction profonde."

C’est une minorité joyeuse qui se voit, bien plus qu’une majorité dont on ne parlait pas. C’est là où je vois l’élan missionnaire. La loi de séparation des Églises et de l'État a sans doute accéléré la sécularisation de la société. Et si, pour certains, la laïcité est comprise comme un combat contre l’Église catholique (peut-être que ça l’a été) je crois que la liberté de conscience dans notre pays permet de vivre sa foi librement et donc en vérité. 

Je vais même vous dire : Je n’ai pas peur d’appartenir à une Église minoritaire. On peut s’en inquiéter parce qu’on est moins nombreux. Mais on peut se réjouir de voir cette Église engagée, non pas pour sa survie mais parce qu’elle comprend enfin qu’elle a trésor à annoncer : le Christ ressuscité ! 

Quand on sait que six Français sur dix entrent dans une église chaque année, je crois que les chrétiens sont à l’image des apôtres : peu nombreux appelés à annoncer la Bonne Nouvelle aux nations. On a de la chance d’en avoir la liberté en France. Vous vivons une nouvelle Pentecôte.

 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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