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Été 2025 : un nouveau signal d’alarme climatique en France

Été 2025 : un nouveau signal d’alarme climatique en France

Un article rédigé par Melchior Gormand - RCF, le 8 septembre 2025 - Modifié le 8 septembre 2025
Je pense donc j'agisCanicules, feux, sécheresse : le lourd héritage de l’été 2025

L’été 2025, marqué par des canicules, une sécheresse persistante et de vastes incendies, a mis sous tension les ressources en eau et ravagé des milliers d’hectares. Ce bilan lourd pour habitants, agriculteurs et écosystèmes souligne la vulnérabilité du pays face au réchauffement et la nécessité d’adaptation.

© Vlad Aivazovsky de Pixabay© Vlad Aivazovsky de Pixabay

L’été 2025 restera dans les mémoires comme l’un des plus chauds jamais enregistrés en France. Selon Météo France, 27 jours de vagues de chaleur ont été recensés, faisant de cet été le troisième plus chaud de l’histoire du pays. 

Des températures records qui ne sont « pas normales »

"On s’habitue d’été en été. On se dit : Ah bah oui, c’est normal qu’il fasse 35 degrés. Mais en réalité, ce ne sont pas les normales de saison", déplore Justine Guitton-Boussion, journaliste à Reporterre. "Ça va certainement être un été froid par rapport à ce qu’on va vivre dans certaines années", précise-t-elle, rappelant que l’augmentation des gaz à effet de serre et le changement climatique sont à l’origine de cette intensification des chaleurs.

Ce ne sont pas juste des chiffres.

Des records de températures ont été battus dans plusieurs villes : 42,3°C à Angoulême, 42,1°C à Bergerac, 41,6°C à Bordeaux. "Ce ne sont pas juste des chiffres. Ça va être les personnes qui vivent à la rue, ou dans des logements isolés… Comment font-elles ?", insiste-t-elle. Au-delà des relevés météorologiques, ce sont bien les conséquences humaines et environnementales qui préoccupent : incendies dans l’Aude ayant ravagé 17.000 hectares, sécheresse, cultures détruites et habitants confrontés à des logements surchauffés.

Quand le dérèglement climatique devient le quotidien

Si le Sud de la France reste particulièrement touché, 80 % du territoire métropolitain a connu des températures supérieures à 35°C. "On s’habitue assez rapidement… Et donc, on peut très vite se dire, Ah, bah oui, il fait 40 degrés. Alors qu’en réalité, ce sont des chiffres extrêmement rares", analyse Justine Guitton-Boussion. Une réalité qui confirme que le réchauffement climatique ne se limite plus aux régions méridionales. "C’est ça qui est intéressant aussi, c’est que ça ne touche pas uniquement le Sud. Ça remonte au fur et à mesure. Et plus les années vont passer, plus les températures vont concerner vraiment tout le territoire", souligne la journaliste. 

Il faut donner ces informations, mais il faut aussi donner à voir.

À la rédaction de Reporterre, dont elle fait partie, cette répétition des vagues de chaleur pose une question essentielle : comment continuer à informer sans banaliser ? "Il faut donner ces informations, mais il faut aussi donner à voir. 40 degrés, ce n’est pas juste un chiffre : c’est une réalité dans la chair des gens, dans leur quotidien", raconte-t-elle. Pour les médias, comme pour la société, l’enjeu est double : expliquer scientifiquement le phénomène tout en mettant en lumière ses conséquences sociales, qu’il s’agisse des "passoires thermiques" devenues de véritables "bouilloires", des agriculteurs fragilisés par le manque d’eau, ou des habitants contraints de fuir les flammes.

S’adapter sans aggraver le problème

Face aux incendies et aux vagues de chaleur, la question de l’adaptation devient centrale. "Il y a évidemment l’aspect global : réduire les émissions de gaz à effet de serre. Mais maintenant qu’on est confronté au problème, il faut agir localement aussi", explique Justine Guitton-Boussion. Elle cite par exemple la nécessité de repenser les monocultures forestières, de mieux coordonner les actions de prévention comme le désherbage autour des habitations, ou encore d’organiser des plans à l’échelle nationale et locale : "ça ne peut pas être laissé au bon vouloir des gens. Certaines personnes âgées ou à mobilité réduite n’ont pas les moyens physiques de le faire. Il faut une réelle coordination".

C’est important de se chauffer l’hiver, c’est aussi important de maintenir des températures correctes l’été.

Mais l’adaptation concerne aussi le quotidien des habitants. Ventilateurs, climatiseurs et autres solutions de confort reviennent chaque été. Or, la journaliste rappelle que la climatisation est une arme à double tranchant : "sur le coup, on va se sentir mieux. Mais en réalité, c’est un dispositif qui aggrave le problème, en augmentant les émissions de gaz à effet de serre". Elle distingue cependant les usages vitaux, par exemple pour les personnes âgées fragilisées, de ceux qu’elle juge excessifs : "le problème, c’est la climatisation dans des grands magasins qui restent porte ouverte, où il va y avoir un gaspillage". Clément, un auditeur fidèle de l'émission Je pense donc j'agis tempère : "ce qui me dérange un peu sur ce sujet, c’est qu’on ne parle jamais du chauffage dans les mêmes termes. C’est important de se chauffer l’hiver, c’est aussi important de maintenir des températures correctes l’été. […] Il faut viser une situation optimale pour les deux".

Maintenant qu’on est confronté au problème, il faut agir localement aussi.

Pour la journaliste Justine Guitton-Boussion, la véritable solution réside dans la rénovation énergétique des logements : "plutôt que mettre de la climatisation, il serait plus vertueux d’avoir une rénovation énergétique. Mais aujourd’hui, les ménages n’ont pas la visibilité pour se projeter. MaPrimeRénov’ a été suspendue cet été et doit reprendre, mais les règles changent sans cesse. On ne donne pas les moyens aux gens de rénover durablement". Le bâtiment reste ainsi un secteur fortement émetteur de gaz à effet de serre en France, faute d’investissements pérennes.

© RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Je pense donc j'agis
© RCF
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