L’Amérique rend un dernier hommage à la reine de la soul et du gospel. Aretha Franklin a été inhumée vendredi 31 août, à Detroit, la ville qui l’a vue grandir. Jeudi, la dépouille de la star a été exposée dans l’église de la ville américaine où son père officiait comme pasteur en son temps. Une soirée qui s’est poursuivie par de nombreux hommages et concerts, sur une scène installée en plein air, dans un parc de Detroit.
Bien évidemment, de nombreux fans d’Aretha Franklin, et des anonymes, ont grossi les rangs de cet hommage géant. A l’image de ce qu’est la musique soul, le départ d’Aretha Franklin aura été emprunt de tristesse, de joie, et d’espérance. Les obsèques de la chanteuse, décédée à l’âge de 76 ans, auront également une dimension politique.
Aretha Franklin a incarné pendant six décennies le quotidien et les combats de la communauté afro-américaine. Un combat qui est loin d’être achevé aux Etats-Unis, et donc l’actualité nous rappelle certaines réminiscences avec les manifestations de Charlottesville. Des affrontements ayant fait plusieurs blessés.
"Aretha Franklin on la connaît sur le plan culturel. C’est évidemment une grande chanteuse. Mais au-delà de tout ça, c’est quelqu'un qui a été un porte-parole et qui a uni cette communauté afro-américaine par son parcours extraordinaire et par son discours de tolérance et d’inclusion permanent au cours de toutes ces années où elle a été sur le devant de la scène" explique Jean-Eric Branaa, spécialiste des Etats-Unis.
"Elle a été très engagée, mais elle est restée auprès des siens. C’est à Detroit qu’elle a développé ses actions, qu’elle a été très engagée auprès de la communauté afro-américaine et des plus pauvres. C’est aujourd’hui cette communauté qui va lui rendre hommage et lui montrer qu’elle ne sera pas oubliée" ajoute ce spécialiste des Etats-Unis.
Jean-Eric Branaa conclut en affirmant que la lutte pour les droits noirs continue aujourd’hui, sous une autre forme. "Quand Aretha Franklin a commencé à chanter, les années 60 sont une période très trouble. Martin Luther King est en première ligne, mais pas seulement. Il y a de nombreux groupes qui ont des moyens d’action assez différents pour arriver au même résultat. Cette lutte continue. Et même si Barack Obama a été le premier président noir en montrant que c’était possible, en réalité, on se rend compte que dans le quotidien, l’égalité des chances n’est pas atteinte. Et que souvent, il y a plus de bâtons dans les roues qu’autre chose pour le petit noir qui voudrait aujourd’hui faire sa route dans la société américaine".
Samedi 1er septembre prochain, l'Amérique rendra un autre hommage national. Au Capitole à Washington, républicains et démocrates salueront la figure de John McCain, vétéran et héros du Vietnam et infatigable défenseur des valeurs des Etats-Unis en tant que sénateur. En 2008, candidat à la présidence, il fut battu par Barak Obama. Ce dernier, aux côtés de Georges Bush, présidera cet hommage auquel Donald Trump n'est pas convié.
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