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Errances dans le Japon mystique : une quête spirituelle entre les dieux

Errances dans le Japon mystique : une quête spirituelle entre les dieux

Un article rédigé par Philomène Dubois - RCF, le 1 juillet 2025 - Modifié le 2 juillet 2025
Le Grand TémoinExposition universelle à Osaka : à la découverte du Japon mystique

En visite au Japon à l’Exposition universelle d’Osaka, à l'occasion de la journée nationale du Saint-Siège, le cardinal Pietro Parolin a rappelé l’invitation lancée par le pape Léon XIV le jour de son élection : œuvrer à une paix désarmée et construire des ponts. L’événement a ouvert ses portes mi-avril et durera jusqu'au 13 octobre. Familier du pays du Soleil-Levant, où il a vécu une grande partie de sa vie, Richard Collasse, ancien président de Chanel au Japon, est l’un des conseillers du pavillon français. Il décrypte les particularités religieuses et culturelles du pays et de ses habitants.

Richard Collasse a vécu 50 ans au Japon ©RCF/Thierry LyonnetRichard Collasse a vécu 50 ans au Japon ©RCF/Thierry Lyonnet

L’Exposition universelle est l’occasion d’explorer une réalité singulière : les traditions japonaises sont à bien des égards éloignées des nôtres, bien que nous participions au même système économique et que les niveaux de vie soient comparables. Dans Errances dans le Japon mystique, Richard Collasse nous fait découvrir des sources sacrées, peu connues du grand public, qui constituent l'identité profonde du Japon.

De l’essor à la chute : le christianisme au Japon

Le christianisme est introduit au Japon en 1544 par saint François Xavier, prêcheur espagnol, dans le cadre d’une mission d’évangélisation. Selon Richard Collasse, les Japonais accueillent d’abord favorablement le message du Christ, car la société japonaise se reconnaît dans la notion de sacrifice du Christ pour les hommes. « Il y avait cet esprit des samouraïs qui se sacrifiaient pour leur maître. » Nagasaki devient ainsi, pendant près de 100 ans, la plus grande ville chrétienne d’Asie.

Il y avait cet esprit des samouraïs qui se sacrifiaient pour leur maître. 

L’auteur souligne néanmoins que la situation se dégrade rapidement avec l’arrivée successive de missionnaires venus d’Espagne et du Portugal. Craignant que cela ne crée des tensions dans une société déjà très conflictuelle, Toyotomi Hideyoshi, l’un des trois grands pacificateurs et unificateurs du Japon, interdit les missionnaires en 1587. La situation des chrétiens se détériore progressivement, jusqu’à mener à la crucifixion de 26 croyants japonais en 1597 et à la fermeture totale du Japon aux étrangers pendant près de 200 ans. Aujourd’hui, les chrétiens ne représentent plus qu’environ 1 % de la population japonaise, dont à peine 40 % sont catholiques, les 60 % restants relevant d’autres obédiences chrétiennes.

La fluidité des religions

Selon Richard Collasse, les Japonais ont un besoin profond de spiritualité, nourri par un environnement à la fois magnifique et brutal, notamment en raison des tsunamis et des tremblements de terre. Cette spiritualité, il la qualifie de « fluide » : les Japonais peuvent se revendiquer de plusieurs croyances, shintoïsme, christianisme, bouddhisme, et passer de l’une à l’autre au cours de leur vie. « C'est de l'opportunisme. Pourquoi ? Parce qu’à la naissance, on est shinto : on est entouré de tous ces dieux partout — les dieux dans la pierre, dans la montagne, le mont Fuji qui est sacré, etc. Quand on se marie, parce que c’est joli le petit tapis rouge qui mène à un autel avec un prêtre en aube blanche, on se marie “catholique”, “chrétien”, souvent avec un faux prêtre. Puis, quand on vieillit, il faut penser à sa réincarnation. Que va devenir notre âme ? Et là, on passe au bouddhisme. »

Le Japon, contrairement à nos pays occidentaux, a conservé très fortement ses traditions et les perpétue. 

Ainsi, le catholicisme a laissé une trace dans certains aspects de la culture maritale japonaise, avec près de 50 % des mariages dans les grandes villes qui reprennent ses codes esthétiques. Néanmoins, selon Richard Collasse, le Japon n’est pas culturellement disposé à se convertir massivement au christianisme. « Le Japon, contrairement à nos pays occidentaux, a conservé très fortement ses traditions et les perpétue. Tout cela est tellement ancré dans la nature des Japonais qu’y renoncer pour embrasser le christianisme, c’est quelque chose de très difficile. »

… dans un Japon pluriel

Le Japon, selon Richard Collasse, peut être comparé à une multitude de petites masses réunies en une grande entité. C’est un pays clanique où chacun s’identifie à une appartenance particulière : une région, une université, une religion. « Chacun a sa fierté d’appartenir à son clan. C’est pour cela que les chrétiens, bien qu’ils soient peu nombreux, sont extrêmement soudés entre eux. »

©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Le Grand Témoin
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