Environnement : Dix Visons d’Europe lâchés dans la nature, une première en France
En août et en septembre 2025, dix Visons d’Europe nés en captivité dans les Deux-Sèvres ont été lâchés dans la nature. L’objectif : sauvegarder l’espèce, qui est en danger critique d’extinction.
Dix visions d'Europe nés en captivité à Zoodyssée ont été introduit dans la nature © Guillaume Romano / ZOODYSSEE-CD79L’introduction de ces visons en milieu naturel était une première en France. Pour réussir cette insertion en milieu naturel, les agents n’ont rien laissé au hasard. Les agents de l’Office Français de la Biodiversité (OFB) et du parc de Zoodyssée, dans les Deux-Sèvres, ont notamment utilisé la méthode du “relâché doux” : “Les dix animaux réintroduits ont d'abord eu un séjour de deux à trois semaines dans un enclos de pré-relâché, explique Yann de Beaulieu, responsable du service régional connaissance de l’OFB. Cet enclos se trouve à une trentaine de mètres à côté du lieu où ils ont été lâchés, pour qu’ils soient préparés à la nature.”
Un milieu naturel préparé
Cette méthode n’est pas la seule disposition prise. Il a également fallu s'assurer que le territoire répondent à certaines conditions pour que les individus puissent y vivre. Au XXème siècle, la population de Vison d’Europe a chuté de 90%, à cause de trois facteurs principaux : le recul des zones humides, l’arrivée d’une espèce concurrente et l’activité humaine.
Pour la première, “[Le Vison d’Europe] est totalement dépendant du maintien de ces zones humides sur le territoire,” confirme Yann de Beaulieu, présent lors des lâchés. C’est la raison pour laquelle les dix visons ont été introduits à côté d’un cours d’eau.

Deuxième cause, l'arrivée d’un concurrent : le Vison d’Amérique. Cette espèce invasive prend le dessus sur le Vison d’Europe, et ce dernier doit quitter le territoire lorsque les deux espèces sont présentes au même endroit. Les agents ont donc veillé à ce que le territoire soit “indemne de présence du vison d'Amérique” avant la réintroduction, raconte Yann de Beaulieu.
Troisième cause, l’activité humaine, et notamment les infrastructures routières : “[Le Vison d’Europe] a tendance à sortir du cours d'eau pour franchir la route, détaille Yann de Beaulieu. Il y a donc des collisions routières.” L’agent de l’OFB poursuit, “sur les zones de relâchés, des ouvrages routiers ont été installés, afin d’avoir des passages permettant d’éviter ces coalitions”.
En ce qui concerne le piégeage humain, il est aujourd’hui interdit de poser des pièges non sélectifs et mortels à moins de 300 mètres d’une zone humide. Le risque de piégeage est donc réduit.
Zoodyssée, parc des premières
S’il a fallu attendre plus de 25 ans entre le premier plan national de sauvegarde (1999) et la première réinsertion, c’est que ce procédé “est la dernière solution”. Yann de Beaulieu explique :
On fait de la réintroduction quand on a épuisé les solutions de certitude de conservation d'une espèce dans le milieu naturel.
Pour le Vison d’Europe, la situation en 1999 n’était pas aussi grave qu’aujourd’hui. Actuellement, moins de 250 d’entre eux sont recensés en France, ce qui place l’espèce en danger critique d’extinction.
En 2015, un premier élevage est lancé à Zoodyssée, avec pour premier but de pérenniser une population captive, afin de pourvoir par la suite en relâcher dans la nature. Les conditions de reproduction sont cependant difficiles à réunir. “Les femelles ne sont, par exemple, en période de chaleur qu'entre trois et cinq jours par an”, précise l’agent de l’OFB.

Il aura fallu attendre 2019 pour vivre la première naissance captive en France, au sein du parc Deux-Sévrien. Six ans plus tard, les naissances sont régulières et la population captive est pérenne. Les agents de l’OFB espèrent à présent pouvoir réintroduire chaque année quinze visons d’Europe par an, jusqu’en 2031.
