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Entretien. Monseigneur Bozo, nouvel évêque coadjuteur de La Rochelle et Saintes : "J'arrive avec ce profond désir d'être un artisan d'unité"

Entretien. Monseigneur Bozo, nouvel évêque coadjuteur de La Rochelle et Saintes : "J'arrive avec ce profond désir d'être un artisan d'unité"

Un article rédigé par Tanguy Sanlaville - RCF Charente-Maritime, le 15 octobre 2025 - Modifié le 15 octobre 2025
Grand Témoin Région en Nouvelle-AquitaineMonseigneur Bozo, nouvel évêque coadjuteur du diocèse de La Rochelle et Saintes

Nommé évêque coadjuteur du diocèse de La Rochelle et Saintes le 19 août dernier, Monseigneur Pierre-Antoine Bozo connaîtra sa messe d'installation ce dimanche 19 octobre à la cathédrale Saint-Louis de La Rochelle. Nous avons pu échanger avec lui avant sa prise de fonction. 

Quelques jours avant sa messe d'installation à La Rochelle, Mgr Bozo se dit "à la fois un peu intimidé et très paisible". @Service communication - Diocèse de Limoges. Quelques jours avant sa messe d'installation à La Rochelle, Mgr Bozo se dit "à la fois un peu intimidé et très paisible". @Service communication - Diocèse de Limoges.

C'est une nouvelle page qui s'ouvre pour le diocèse de La Rochelle et Saintes : ce dimanche, à 15h30, Monseigneur Pierre-Antoine Bozo vivra sa messe d'installation à la cathédrale Saint-Louis de La Rochelle. Nommé évêque coadjuteur le 19 août dernier et jusqu’ici évêque de Limoges, il assurera donc dorénavant la mission de gouvernement du diocèse de La Rochelle et Saintes. Mgr Georges Colomb, l'évêque titulaire, est en effet poursuivi pour tentative de viol sur homme majeur et s'était mis en retrait en juillet 2023. Entre-temps, c'est l'évêque de Luçon, Mgr Jacolin, qui était administrateur du diocèse. 

Quelques jours avant la messe, nous avons pu échanger avec Mgr Bozo sur son parcours et sur son approche de sa nouvelle fonction. 

RCF : On sent dans votre parcours un fort engagement auprès des jeunes, puisque vous avez été responsable de la pastorale des jeunes du diocèse de Séez, dans votre Orne natal, entre 2003 et 2007, puis aumônier des étudiants à Caen entre 2007 et 2012. Ce lien avec la jeunesse vous a-t-il toujours accompagné depuis votre ordination en 1994 ? 

Pierre-Antoine Bozo : C'est d'abord le fruit des décisions de mes supérieurs. D'autre part, c'est vraiment au moment de l'âge étudiant que j'ai eu la chance de rencontrer des jeunes chrétiens. J'étais donc très sensible au fait d'être là au bon moment, quand on est dans l'âge où on fait des choix pour le long terme.

J'avais une forme d'appétence pour la transmission de la foi, l'annonce de Jésus et l'accompagnement des jeunes à l'entrée de la vie d'adulte. Cela a vraiment marqué mon ministère, les missions confiées et quasiment toute ma vie de prêtre, jusqu'aux deux dernières années en tant que vicaire général.

RCF : Si on continue à dérouler le fil, vous êtes de 2011 à 2015 vicaire épiscopal du diocèse de Séez, puis vous devenez vicaire général du diocèse entre 2015 et 2017, année où vous êtes nommé évêque de Limoges. Vous adoptez alors cette devise épiscopale : "la charité du Christ nous presse", un extrait de l’Épître aux Corinthiens. Pourquoi ce choix ? 

Cette phrase de Paul m'a toujours plu. Une devise, cela doit toujours être bref, mais la suite dit "quand nous pensons qu'un seul est mort pour tous et qu'ainsi tous ont accès au salut...".  J'ai assez fortement au cœur cette impression d'une urgence ; c'est l'amour du Christ pour nous, et notre amour du Christ, qui nous fait agir. 

 

Et puis - je crois que c'est familial, j'aime les choses qui avancent, une certaine efficacité, et je suis toujours un peu pressé. Je travaille pour me guérir de cela, mais j'essaie de trouver un motif charitable à mon impatience. Cela me permet de la justifier, mais cela ne m'empêche pas d'essayer de me convertir. 

 

RCF : 8 ans plus tard, vous voilà donc sur le départ du diocèse de Limoges. Quelle a été votre réaction à votre nomination ? 

 

Eh bien, mitigée. J'ose dire cela parce que je trouve que la mission d'évêque demande de l'enracinement et beaucoup de temps. Huit ans m'ont semblé un peu court, mais ma juste place, c'était celle où l’Église me demandait d'être, c'est-à-dire en obéissant à cette demande du Pape. Il m'a donc fallu un peu de temps pour absorber cette demande du Saint Père. Maintenant, j'arrive avec beaucoup d'enthousiasme et une grande paix intérieure. 

 

RCF : D'autant que vous arrivez dans un contexte particulier, avec le retrait de Mgr Colomb, toujours visé par une procédure judiciaire pour tentative de viol. Vous êtes donc évêque coadjuteur, ce qui veut dire que pour l'instant vous n'êtes pas évêque titulaire et que vous ne vous asseyez pas par exemple sur la cathèdre. Comment abordez-vous ce statut ? 

 

Avec la conscience que ce statut est lié à la situation très particulière du diocèse et de Mgr Colomb. Ce que je comprends, c'est que le Saint-Siège a voulu honorer la présomption d'innocence dont il bénéficie et qu'il est important d'avoir à l'esprit. Dans le même temps, on tient compte cette procédure judiciaire, d'où cette situation assez étrange qu'il est titulaire, mais sans avoir le gouvernement du diocèse. Cela honore symboliquement cette double exigence de respecter à la fois la présomption d'innocence et la décision de justice de le mettre en examen. 

 

C'est d'abord pour Mgr Colomb, Mgr Jacolin et surtout les diocésains que cette situation était jusqu'ici difficile, inconfortable et douloureuse. C'est une nouvelle page : on me demande d'être évêque coadjuteur, parce que sans décision de justice, Mgr Colomb reste présumé innocent, mais on me donne les pleins pouvoirs de gouvernement. Symboliquement, je ne m'installerai pas sur la cathèdre, mais de fait, je serai à la tâche comme si j'étais l'évêque du diocèse. 

 

RCF : Cet échange touche à sa fin. Que souhaiteriez-vous transmettre aux fidèles de La Rochelle et Saintes. ?

 

Peut-être que je suis heureux d'arriver, chers diocésains, auprès de vous, parce que je suis conscient que vous avez eu à souffrir d'une absence de pasteur visible, proche, sur le terrain. Je suis, cela rejoint ma devise, impatient d'arriver près de vous. J'ai conscience de l'urgence de nous mettre au travail ; j'arrive parmi vous avec ce profond désir d'être un artisan de communion, d'unité, et d'être à l'image du seul et vrai bon pasteur : Jésus, celui qui proclamera à temps, et à contretemps, la parole du salut. 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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