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Entretien. Christian Lepage, directeur adjoint du SDIS 17 : " Les températures ne font qu'aggraver la situation"

Entretien. Christian Lepage, directeur adjoint du SDIS 17 : " Les températures ne font qu'aggraver la situation"

Un article rédigé par Tanguy Sanlaville - RCF Charente-Maritime, le 2 juillet 2025 - Modifié le 2 juillet 2025
L'invité RégionLe colonel Christian Lepage, directeur adjoint du SDIS 17

Quel impact de la canicule sur les pompiers ? Avec deux incendies en onze jours sur la Charente-Maritime, les soldats du feu ont fort à faire. D'autant que leurs missions incluent également l'assistance à la population. On en parle avec le colonel Christian Lepage, directeur adjoint du Service Départemental d'Incendie et de Secours de Charente-Maritime (SDIS 17). 

Le colonel Christian Lepage est le directeur adjoint du SDIS 17 depuis juin 2023. ©Jean Dubois - SDIS 17. Le colonel Christian Lepage est le directeur adjoint du SDIS 17 depuis juin 2023. ©Jean Dubois - SDIS 17.

La saison estivale a commencé sur les chapeaux de roue pour les sapeurs-pompiers de Charente-Maritime. En onze jours, le 18 juin puis le 29, deux incendies ont touché la forêt de la Coubre, près de la Tremblade, calcinant un total de dix-huit hectares et mobilisant les deux fois autour d'une centaine de pompiers.

Loin d'être un phénomène isolé, ces départs de feux semblent résulter directement des conditions propices provoquées par la canicule, qui touche l'ensemble du territoire national. Retour sur les risques que cela implique et les réflexes à adopter avec le colonel Christian Lepage, directeur adjoint du Service Départemental d'Incendie et de Secours de Charente-Maritime (SDIS 17). 

RCF : Combien de personnes représente le SDIS dans le département ? 

Christian Lepage : Le SDIS 17, c'est une machine qui est composée de plusieurs étages. Nous avons 600 personnels permanents, les pompiers professionnels et le personnel administratif. Ajoutez à cela les sapeurs-pompiers volontaires, qui sont au nombre d'environ 2500. 

RCF : Outre les moyens humains, de quel matériel disposez-vous ? 

Aujourd'hui, on a une flotte de véhicules d'incendie spécialisés pour les feux de forêts, autour de quatre-vingts véhicules équipés pour ces missions. Le SDIS est complété par l'action de l’État, puisque la Charente-Maritime est support d'une base d'hélicoptères-bombardiers lourds à Jonzac, qui peuvent larguer jusqu'à 4 000 litres d'eau. L’État met également à disposition de la région des bombardiers lourds qui sont en capacité de larguer 6 000 litres de produit retardant - c'est ce qui s'est passé à la forêt de la Coubre. Ces avions sont basés à Nîmes, mais positionnés dans les périodes sévères à Angoulême ou Angers et on peut les solliciter. 

RCF : C'est une période chargée pour le SDIS avec les deux incendies du côté de la Tremblade. A quel point la saison estivale est-elle marquée par une hausse des incendies ? 

La saison est déjà propice aux feux de forêts et de végétation. On se focalise beaucoup sur les premiers, car plus marquants et plus spectaculaires, mais on a aussi le risque d'espaces naturels, surtout avec les feux de récolte. C'est une période à risque et l'occurrence des feux, aussi bien d'espaces naturels que de récoltes, est plus précoce. Les températures ne font qu'aggraver la situation. 

RCF : Quels comportements adopter pour éviter de provoquer des départs de feux accidentels ? 

Quand vous regardez ce qui s'est passé dans l'Aude [sept départs de feux du fait d'un barbecue mal éteint, NDLR], on a des risques par rapport aux barbecues, donc dans les périodes classées sévères, il faut surtout éviter les barbecues. Bien sûr, c'est sympathique, mais il vaut peut-être mieux les faire cuire au four pour éviter toutes les flammes nues. 

Dans les périodes à risque sévère, il faut aussi éviter tout bricolage à l'extérieur pouvant générer une étincelle : couper des barres de métal, taper sur des pierres, toutes ces choses qui peuvent ne pas sembler dangereuses, mais qui peuvent provoquer une étincelle. Surtout, éviter de jeter ses mégots, on les garde et on les jette éteints dans la poubelle ou dans un cendrier. 

RCF : Outre la question des incendies, il y a également la question du bien-être de la population. Êtes-vous particulièrement sollicités durant la saison estivale ? 

Avec le début des vacances, il y a un afflux de population. On a en ce moment une augmentation de plus de 4% d'activités et cela va aller en augmentant, jusqu'au pic de la saisonnalité. 

Pour ce qui est des comportements à avoir, quand on est en voiture, on s'hydrate. Quand on est avec des enfants, on essaie de sortir dans les périodes les plus fraîches et on les habille de vêtements qui peuvent les protéger face aux rayons ultra-violets. On peut être insouciants, dans ces périodes de vacances, donc il faut faire attention quand on saute dans l'eau ou qu'on se baigne dans des zones hors surveillance. Là, on met sa vie en danger. On peut avoir l'impression qu'on peut arriver à se sortir de situations difficiles, mais face à une baïne ou un courant, tous les vacanciers ne sont pas aguerris en natation. Donc, de la prudence et le repérage des zones surveillées pour éviter un accident qui peut être catastrophique. 

RCF : Face à cette hausse des appels, avez-vous une répartition différente pendant la saison estivale ? 

Une répartition estivale, pas forcément, mais elle est renforcée. Dans les centres de secours, on a des sapeurs-pompiers volontaires saisonniers qui viennent pour absorber l'augmentation à la fois du secours aux personnes que des feux de forêt. On a aux alentours de deux cents sapeurs-pompiers volontaires saisonniers qui sont recrutés pour les 33 postes de secours que nous assurons sur le département, en complément de l'action que nous menons avec la SNSM (Société Nationale de Sauvetage en Mer). 

RCF Bordeaux
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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