Bretagne
28e du dernier Vendée Globe pour sa première participation, Antoine Cornic nous a reçu chez lui, à l'île de Ré. Entretien.
"Le seul objectif, c'est de finir le Vendée Globe". Voilà ce que nous déclarait Antoine Cornic en novembre 2024, quelques jours avant le départ de la course la plus importante de sa vie. Quatre mois plus tard, son pari est remporté : il a terminé le Vendée Globe 2024. Pour le Rétais, qui rêvait de cette course vingt ans plus tôt, la boucle est enfin bouclée.
Arrivé en 28e position après 96 jours de course sur le plus vieux bateau de la flotte, Antoine Cornic semble déjà rêver d'une nouvelle aventure, un mois après son retour sur terre.
S'il a retrouvé son épouse et ses deux enfants, le skipper rétais de 45 ans est toujours très sollicité. Au milieu du tourbillon, Antoine Cornic a tout de même trouvé le temps de nous accueillir chez lui, à l'île de Ré, pour évoquer ce retour à la terre ferme, ses impressions sur la course et ses projets futurs.
RCF : Un mois après l'arrivée, est-ce qu'on peut parler de retour à la normale ou est-ce encore la fête ?
Antoine Cornic : "C'est les deux. Tu es invité un peu partout. Tu as une grosse tournée avec les partenaires, parce qu'ils t'ont accompagné, pour les anciens depuis cinq ans et pour les nouveaux dans l'année du Vendée Globe. Tu as aussi l'euphorie de toutes les conférences que tu fais, donc tu es pris dans ce tourbillon. Tu es aussi rapidement ramené à la réalité. Tu fais un rendez-vous chez le banquier et chez le comptable et tu as bien compris qu'il ne faut pas s'endormir sur ses lauriers ! Tu as une société, des employés, un bateau à vendre, un nouveau projet à mettre au point... Il y a une part qui t'emmène dans la joie et la continuité du Vendée Globe et l'autre qui te dit 'Arrête de rêver maintenant, on est retourné à la réalité'. Il faut trouver le bon équilibre."
Quel bilan tirez-vous de cette course ?
"Que du positif. Alors, tu vas être le premier à qui je vais le dire, même si on l'a vu en vidéo : j'ai eu deux coups de mou à bord, où j'étais pas bien. La solitude me pesait. Finalement, cela n'a même pas duré 24 heures, mais ce sont des phases, et cela fait partie de la vie. Je ne retire que du positif de cette expérience : j'ai adoré, c'est une course qui est vraiment à part. Tu as beau la préparer pendant quatre ans, faire des 'transats' (transatlantique), c'est un autre sport. C'est un tour du monde avec toutes les embrouilles, les joies, les tristesses. À la fin de la foire, quand tu passes cette ligne, tu as cette espèce de joie d'avoir fini le truc. Et quand tu mets ce point final, tu te dis que c'est trop tôt. Je n'espère qu'une seule chose, c'est de repartir au prochain."
Allez-vous garder un souvenir du Vendée Globe ?
"Il y en a tellement... C'est 96 jours, donc c'est dur d'en décrire un seul. Il y a quelque chose qui m'a marqué, c'est la tempête de l'océan Indien. C'est un mix de tout : au niveau des sentiments que tu as en toi, entre la trouille, l'excitation, même la jouissance de certains moments et la cohésion que tu as avec le bateau, ça devient ton refuge, ton ami, et tu es un peu pareil pour lui, parce que si tu ne fais pas les bonnes choses, il aura mal et toi aussi après... Et cette immensité de la mer, sa beauté, on te fait bien sentir que tu es tout petit sur cette planète. C'est un des plus beaux moments du tour. S'il y en a un deuxième, je dirais que c'est la ligne d'arrivée. La ligne d'arrivée, c'est 20 ans de boulot, de 'j'y vais, j''y vais pas ?'. Et franchement c'était assez énorme."
L'objectif maintenant, c'est vraiment de refaire le Vendée Globe en 2028 ?
"Je vais tout faire pour. Il y avait un alignement de planètes : je suis arrivé le 14 février, 14x2 =28 ; je suis arrivée à 14:02, pareil, j'arrive en 28e position et le prochain Vendée, c'est en 2028. Si on parle d'alignement de planètes, tout est aligné ! On a des gros rendez-vous avec nos partenaires actuels et d'autres partenaires, parce qu'on veut une évolution sportive du projet. On voudrait un bateau bien plus performant pour le prochain, on voudrait travailler sur le sportif, renforcer l'équipe et montrer que même des "vieux" comme nous, on est capables d'aller se battre sur l'eau. On travaille pour et on espère revenir dans le monde de l'Imoca pour la route du Rhum en 2026."
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